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AUTEL D'AVENAS. 259 s'occuper encore des affaires du royaume (1), puis il se rendit à Cluny. On ne voyageait pas alors en chemin de fer ni en bateaux à vapeur, puisque le saint roi mit plus de deux mois pour atteindre le port d'Àigues-Mortes, où il s'embarqua le 25 août. Ce n'é- taient pas seulement les difficultés des communications qui ra- lentissaient la marche du jeune guerrier, il voulait rallier, en route, les grands seigneurs qui devaient partir avec lui. La reine Blanche accompagna son cher fils jusqu'à Cluny, où elle le retint aussi longtemps que possible, renouvelant ses tentatives pour le détourner de son entreprise et désespérant de le revoir jamais. Il est facile de comprendre que le roi put n'arriver à Mâcon que vers le 11 juillet. Il lui restait encore assez de temps pourvoir, à son passage à Lyon, le pape Innocent IV, auprès duquel il vou- lait faire une dernière tentative pour le réconcilier avec Frédéric, mettre ensuite son royaume sous sa protection et recevoir sa bénédiction. Cette supposition paraît si probable, qu'elle est pour moi une réalité. De là suit une explication non moins naturelle du dernier vers de l'inscription, jusqu'ici demeuré inexpliqué : MORS FVGAT (pour FVGIAT) (2) OBPOSITVM REGIS AD INTITVM ,(pour INTVITVM) (3). C'était là le vœu, le cri de toute la France ! Toutes les popu- lations se répandaient dans les églises, faisaient des processions publiques pour appeler les bénédictions de Dieu sur le roi et sur sa vaillante armée. Le vœu que la reconnaissance a gravé sur l'autel d'Avenas, était aussi le vœu de toute la nation. Cette hypothèse peut-elle s'harmoniser avec le style de l'autel et de l'église d'Avenas ? C'est, à mon avis, la seule qui en donne une explication satisfaisante. (i) Michaud, Histoire des Cvoisades, t. IV, p. 208, (2) Fugial et non Fugil comme le propose M. Péricaud. Il est permis, dans l'interprétation des inscriptions, de supposer des observations et non des er- reurs... (?) Que la mort s'éloigne à la vue du voi !