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                    DES PREMIERS SIÈCLES

                                   DE




  L'HISTOIRE DE FRANGE
                                   ET



                DU RÉGIME FÉODAL (1).




   Le premier spectacle qui nous frappe au début de notre his-
toire est celui de la barbarie. La vanité nationale de nos anciens
auteurs a cru voir trop souvent, chez les Gaulois, les traces d'une
civilisation primitive qui depuis se serait en partie perdue. Rêve
que tout cela; pure chimère que le souffle de la critique moderne
a complètement renversée. Le peuple qui habitait la France avant
l'ère chrétienne, et qui ne nous a laissé que d'informes monu-
ments, vivait encore à l'état nomade et presque pastoral. Je n'en
veux qu'un exemple. Son agriculture était grossière comme son
organisation sociale. Des clans ou des tribus s'établissaient de
temps à autre sur un nouveau territoire, avec les troupeaux qu'ils
promenaient avec eux, et y élevaient de chetives cabanes, pour
cultiver avec une charrue qui écorchait à peine le sol des terres
qui ne produisaient que du seigle. Tantôt ennemies, tantôt con-
fédérées, ces tribus étaient en guerre perpétuelle, soit entr'elles,
soit contre les envahisseurs de race étrangère qui venaient leur
disputer leur territoire, et ni l'autorité des chefs, ni celle de la
 religion des Druides, ni les rigueurs du pouvoir, nécessairement
despotique dans une société mal policée, ne pouvaient donner au
pays la sécurité qui lui manquait, garantir l'ordre public, et

  (1) Discours d'ouverture du cours d'histoire de la Faculté des Lettres de
Lyon, lu au Palais Saint-Pierre, le 18 novembre 1851.

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