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488                     DE L'ENSEIGNEMENT
surchargée de travail matériel, conserve le mieux ses qualités
natives et sa spontanéité.
   Toutes ces questions si graves qui auraient dû remplir une
polémique sur l'enseignement, nous ne faisons que les indi-
quer ici pour déplorer qu'elles n'aient pas tenu la place des aigres
et souvent déloyales récriminations qui ont été échangées.
D'ailleurs, les divers points de cette controverse ne sont pas du
ressort de notre chaire ; c'est dans une discussion qui est plus de
notre domaine que nous voulons vous faire entrer aujourd'hui.
Chargé du haut enseignement littéraire, nous avons le droit de
défendre les belles-lettres, nourricières de toute jeunesse libérale,
contre les attaques queleur livrent à la fois et l'orgueil des sciences
exactes, et le matérialisme mercantile, et les grossiers instincts de
la démagogie.
   Ce n'est pas ici une stérile question de prééminence entre les
sciences et les lettres. Il s'agit de savoir lesquelles sont les plus
propres à devenir la substance qui doit vivifier la personne in-
tellectuelle et morale dans la nature de l'enfant et du jeune
homme.
   Fières des conquêtes que leur doit l'industrie, et s'aidant de
l'esprit d'un siècle, à la fois mercantile et révolutionnaire, les
sciences exactes empiètent chaque jour sur les lettres, dans le
domaine de l'éducation. Toutes les critiques adressées dans le
monde et dans la presse au mode actuel d'enseignement partent
au fond d'une partialité plus ou moins avouée pour les sciences
et pour l'ordre matériel qu'elles sont appelées à servir. Nous
venons de prouver que nous ne sommes pas aveugles pour les
défauts de notre système d'éducation. Mais, sur ce point qu'il
prend pour base de l'enseignement les belles-lettres, l'étude
des langues, et en particulier celle des langues anciennes, il est
dans le vrai ; et nous croyons toute la grandeur intellectuelle,
toute la beauté morale d'une société intéressée à la conservation
de ce système.
  Peut-être, au premier abord, trouverez-vous un peu surannée
une apologie des lettres, même à ce point de vue particulier et
dans ce but pratique. Mais si les principes que nous émettons