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526 RÉTIF DE LA BRETONNE. reculons devant aucune pénalité, quelque terrible qu'elle soit. Protégeons la volupté par une législation de fer. Je n'ai pas l'intention de traiter ici, en quelques lignes et à la dérobée, la haute question que ces problèmes soulèvent, je ne puis m'empêcher ce- pendant de remarquer, à l'encontre de toutes ces théories réformatrices, qu'elles reposent sur une base radicalement fausse, à savoir sur la légitimité absolue des appétits, des sensations, des forces physiques et spirituelles qui constituent l'homme. Ce qui est vrai, c'est que ces forces sont destinées non à être libres, mais à être réglées, et le progrés consiste à amener l'homme, l'individu, à ce point de perfection qu'il puisse les régler lui-même sans le secours d'un pouvoir quelconque, d'une autorité extérieure, religieuse ou politique, quelle qu'elle soit, en soile que le problême social est toujours un problème individuel, et que vouloir réformer l'Etat avant que l'individu ne soit réformé, c'est positivement prendre la question à rebours et mettre, comme dit le proverbe, la charrue devant les bœufs. Ce fut, comme on le sait, un préjugé endémique au XVIIIe siècle de placer l'idéal social dans l'étal de nature. On croyait alors sincèrement que la civilisation avait perverti l'homme. De là , une philosophie qui ne tenait compte ni de l'histoire ni des faits. Un jour, le XVIIIe siècle s'imagiua de bonne foi avoir résolu le problême par la découverte d'un sauvage dans la forêt de l'Aveyron. Volontiers, les romanciers transportent leur scène dans le Nouveau Monde , afin d'y rencontrer l'Adam primitif. Vivre selon la nature , c'est être vertueux, avait déjà dit ThomasMorus.Que de réformateurs, depuis Rous- seau et Bernardin de Saint-Pierre jusqu'à Fourrier et M. Cabet, l'ont redit après lui ! Saint-Simon et M. Proud'hon ont seuls échappé à ce travers et consenti à opérer sur la Société, telle que la civilisation antique et mo- derne l'avait façonnée. Rétif, bien entendu, n'a pas échappé à la contagion de son temps et il nous a donné, lui aussi, son Me-Ulopie, gouvernée d'après les simples lois de la nature. Son roman est bâti sur la donnée d'un homme qui s'est fabriqué des ailes et qui vole de contrée en contrée jusque chez les Megapatagons. Avant d'arriver chez ce peuple-type, l'Icare socialiste descend chez les peuples-huitres, les peuples-poissons, les peuples-chiens, les peuples- chevaux, les peuples-rhinocéros, etc., etc. Rétif admettait, avec certains na- turalistes, que l'homme avait passé par tous les degrés de l'échelle de l'être et qu'il n'était, en réalité, qu'un mollusque perfectionné. Iî va sans dire que chez les Megapatagons la propriélé n'existe pas. La communauté des biens et des femmes est seule admise. Les mariages se renouvellent tous les ans dan* des fêtes publiques, et sont combinés de telle façon que toutes les femmes sont enceintes en même temps. Le travail est rendu attrayant par la variété,