Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                                  458
courables consolations que la Providence semblait lui avoir assigné
et qu'il devait toute sa vie remplir avec tant de zèle.
   Claude-Antoine BOUCHET naquit à Lyon, le 17*février 1785 de
Pierre Bouchet et de Constance Floret. Son père, élève et pension-
naire de Desault, exerçait avec distinction la médecine à Lyon. Son
majorât à l'Hôtel-Dieu fut un de ceux qui jetèrent le plus d'éclat.
Pendant le siège il fut chargé d'organiser les ambulances, ce qui,
plus tard, le mit en suspicion auprès des autorités républicaines.
Le refus d'un passeport, qui lui était indispensable pour aller prati-
quer une opération à quelque distance de Lyon, lui causa un tel
chagrin qu'il y succomba en peu de jours. Il mourut laissant une
veuve de trente-deux ans, cinq enfauts en bas âge, et une fortune
plus que médiocre. Après sa mort, Mme Bouchet se retira dans une
maison de campagne, à Champ-Vert, et se consacra entièrement à
l'éducation de sa jeune famille. Elle destinait l'ainé de sesfilsà la
profession de son mari et, pour modérer l'extrême sensibilité qu'elle
avait remarquée en lui, et qui pouvait arrêter ses premiers pas dans
la carrière, elle le fit entrer, à l'âge de quatorze ans, à l'école vété-
rinaire. Le jeune Bouchet fut un des bons disciples de cet établisse-
ment. Il suivait en même temps les cours de l'Hôtel-Dieu, et, après
trois années d'études anatomiques, il obtint la première place dans
le concours d'internat. A dix-sept ans il alla suivre à Paris les cours
de l'Ecole de Médecine. Ce fut alors que se développèrent toutes les
excellentes qualités dont il était doué. Au milieu d'une ville de
séduisantes tentations, il sut éviter les nombreux écueils contre les-
quels se brise le plus souvent la fragilité de tant de jeune gens.
Bouchet avait pour s'en garantir le meilleur des préservatifs, son
amour pour sa mère. Sa première pensée de chaque jour était pour
elle ; il savait qu'elle s'imposait de pénibles privations pour subvenir
 aux frais de son éducation médicale et toute idée de folle dissipation
 aurait pesé sur son cœur comme un véritable remords. Il se livra
 avec une persévérante ardeur à l'étude qu'une conception peu com-
 mune lui rendait facile. Il n'avait pas vingt-un ans lorsqu'il apprit
que le concours pour la place de chirurgien-en-chef de l'Hôtel-Dieu
 de Lyon allait s'ouvrir. Il s'y présenta avec une assurance qui n'é-
 tait pas delà présomption, car il s'était préparé au combat scienti-