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Que de coups de stylet, le soir sous ton arcade,
     D'étreintes sous le citronnier !
Car, jaloux, bien jaloux est mon cœur de créole :
Mon amour est l'étui d'une dague espagnole,
Dont le manche est d'ivoire et la lame d'acier.
Si le ciel t'avait fait naître, ô ma bien aimée,
     Là, dans mon île parfumée
Que le soleil étreint avec ses bras de feu,
     Terre si belle et si naïve
Qu'on dirait que le ciel a béni cette rive,
Et que l'île naquit sous les baisers de Dieu !

Moi je t'aurais conduite au bord de nos rivages...
Suspendant mon hamac aux orangers sauvages ;
     Penché sur ton front embaumé,
J'aurais bercé ton cœur de tant de poésies,
Et j'aurais tant chanté de douces harmonies,
     Fille, que tu m'aurais aimé?


                          III.


Alors j'aurais laissé dans mon golfe atlantique
Ma barque se bercer sous les vents du tropique,
     Je n'aurias point tenté les mers !
Jetant au fond des eaux mes folles espérances,
J'ignorerais combien la vie a de souffrances,
     Et eombien les flots sont amers !
Car c'est triste d'aller dans cette vie aride...,
D'avoir devant les yeux l'horizon toujours vide ;