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du mouvement, telles qu'elles nous apparaissent quand nous étudions
celui-ci en dehors de toute sensibilité. En effet, pour changer la direction
d'un état de mouvement ou d'un état d'équilibre, il faut une force, si
petite qu'on la suppose ; or l'idée n'est pas une force au sens mécanique
du mot et pourtant elle se montre à nous comme une cause... ».
     Jamais on n'a posé plus nettement le problème et personne ne l'a
vu de plus haut !
     « ...Dans toute fonction nous trouvons des phénomènes de l'ordre
physique, tels que des déplacements de substance, des transformations
d'énergie, qui sont nécessaires pour l'exciter, l'alimenter, finalement la
manifester à nos yeux. Au cours de leur évolution organique, comme en
dehors d'elle, ces phénomènes restent soumis au déterminisme physique
qui ne les abandonne jamais et sans lequel ils ne seraient pas compréhen-
sibles. Mais cette évolution, en tant qu'elle « utilise » ces phénomènes
pour se réaliser elle-même, est quelque chose de particulier, qui carac-
térise l'être vivant ; elle est, dans toute fonction, le phénomène que nous
appelons « vital », faute d'un autre mot qui puisse le désigner.
      « Ce qui nous frappe en celui-ci, ce qu'il fait qu'il nous pose un
problème à part, c'est l'allure singulière que prend le déterminisme inté-
rieur, en quelque sorte nouveau et superposé au précédent, qui guide son
évolution, ou, pour le dire une fois de plus, le lien qui rattache en elle
le mouvement à la sensibilité à tous ses degrés, l'enchaînement qui en
résulte entre les faits dans ce milieu qui est le temps, sous la forme de
ce que nous appelons la mémoire... ».
      Ces notions lui paraissaient tellement capitales, essentielles, qu'il
n'a pas craint de les répéter, sous une autre forme, au début du Traité
de VInnervation. Relisons-les encore pour mieux nous en pénétrer :
      « ...Dissociés et ramenés à l'état brut de la matière commune, les
éléments premiers des êtres vivants nous manifestent dans leurs réactions
cette constance inflexible, qui caractérise les lois dites physico-chimiques ;
associés dans l'individu, leur groupement, leur organisation y fait appa-
raître la variété infinie et la contingence d'où il tire sa personnalité. Com-
ment ceci peut-il procéder de cela ? Comment ce qui est invisible dans
l'élément devient-il apparent dans le tout ? Nous l'ignorons. Mais, en