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— 480 — Plus loin, passant de la critique qui montre les insuffisances d'une doctrine à une partie constructive où est proclamée la valeur et la solidité d'une autre inspiration théorique, de La Prade montre comment Syden- ham et Baillou, qui lui ouvre la voie, retrouvent la tradition hippocrati- que ; et il fait gloire à Barthez et à Dumas d'avoir rendu à « notre Baillou le rang qu'il doit occuper ». « ...Mais il était réservé à Stahl de séparer nettement la science de l'homme des sciences physiques, de montrer que les corps vivants obéis- sent à d'autres lois que la matière brute * et que, par conséquent, les lois vitales ne doivent point être cherchées dans l'étude des forces physiques et chimiques, mais dans la vie elle-même... Le stahlianisme fut bientôt repris en sous-œuvre par l'Ecole de Montpellier, et les doctrines méca- niques de Boerhaave ne résistèrent point à ses attaques. Enfin, pour me servir des expressions de Cabanis 2, « des opinions de Stahl et de Van « Helmont et du solidisme, étendu, modifié, corrigé, s'est formé cette « doctrine du vitalisme, à laquelle l'Ecole de Montpellier a donné un si « grand éclat. Agrandie, depuis ces maîtres célèbres, par les vastes tra- « Vaux de Barthez ; fortifiée par ses élèves et ses successeurs, de ce que les « découvertes modernes et les progrès des sciences collatérales pouvaient « lui fournir de preuves nouvelles ; perfectionnée par l'application des « méthodes philosophiques, elle se rapproche de plus en plus de la vérité. « Bientôt ce ne sera plus une doctrine particulière ; en profitant des dé- « couvertes éparses dans les écrits de toutes les sectes, en se dépouillant « de cet esprit exclusif qui étouffe la véritable émulation, elle deviendra « la seule théorie incontestable en médecine ; car elle sera le lien naturel « et nécessaire de toutes les connaissances rassemblées sur notre art jus- t qu'à ce jour ». e 1. Nous avons déjà dit plus haut ce qu'il fallait penser de cette formule. Nous verrons plus loin com- ment les grands maîtres de la physiologie moderne ont rectifié ce que l'expression de la pensée des vita- listes pouvait avoir d'outré. Il n'est pas exact de dire que les corps vivants obéissent à d'autres lois que la matière brute, si l'on entend par là que la physique et la chimie, qui régissent les corps inertes, cessent d'être vraie pour les êtres vivants. Il n'y a pas une chimie de la matière inanimée et une autre chimie de la vie. Mais les lois qui règlent l'activité physique et chimique des êtres vivants dépassent la physique et la chimie ; et la physique et la chimie ne suffisent pas à les expliquer. 3. De La Prade donne la référence de cet important témoignage de Cabanis, Coup d'œil sur les Révo- lutions et sur la Réforme de la Médecine, Paris, Crapart, Caille et Ravier, an XII.