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gnée ; à ceux qui ne prescrivoient que des rafraichissans dans les fièvres
et les inflammations, une foule de malades guéris par des médecins qui
n'ordonnoient que les aromatiques et les amers ; aux partisans des pur-
gatifs donnés tous les deux jours, je leur désignai plusieurs centuries de
fièvres sinoches et putrides guéries sans un seul purgatif.
      « La question présentée sous ce point de vue, tous furent contraints
d'avouer que, dans tous les cas où on n'avoit pas suivi leur doctrine, la
nature avoit eu assez d'énergie pour guérir la maladie et pour surmonter
les mauvais effets des remèdes mal administrés. D'où je conclus dès lors
que, puisque le principe vital, la réaction spontanée des organes irrités ou
la nature avoit eu assez de ressources pour guérir malgré les empêche-
mens causés par les remèdes contraires au mal, elle sauroit bien guérir
des maladies qui lui seroient absolument abandonnées... ».
     Nous avons tenu à citer en entier le passage, tant il est savoureux,
tant il reste actuel, et tant il montre de bon sens dans l'esprit de Gilibert.
      « Si on me demande, poursuivait-il, pourquoi une si grande vérité
est si peu répandue, pourquoi les médecins ne l'annoncent presque jamais
ni en public, ni en particulier, j'oserai dire parce que leur amour-propre et
leur intérêt leur ont fait illusion ; il est si agréable pour le premier et si
utile pour le second de croire et de faire croire qu'on a guéri, qu'on par-
vient enfin à se le persuader ; on s'imagine que si les hommes savoient ce
terrible secret que lanature seule les guérit, ils auraient moins de confiance
aux médecins ».
      De cet esprit critique témoignait déjà mainte page de l'Anarchie
médicinale, notamment dans les chapitres intitulés : la Constitution des
Universités est une des causes de l'ignorance des Médecins, les Profes-.
seurs des Universités de Médecine sont une des causes de l'ignorance des
Médecins..., etc.
      Lui, au contraire, donnait des preuves de méthode et de bon sens,
lorsque, à l'Hôpital de Grodno, il entreprenait d'observer quelles maladies
sont capables de guérir spontanément, et, pour les autres, quels remèdes
 sont vraiment efficaces. Il explique ainsi comment il procédait :
   « La pharmacie du Roi étoit sous ma direction, le pharmacien sous mes
ordres, tous les officiers de l'hôpital dépendoient de moi ; je pouvois sans