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passionner. Les prophètes de mauvais augure n'ont pas manqué ! avec
leurs critiques amères, stériles et décourageantes. A la suite de ses Maîtres
de la vulgarisation, Flammarion écrit : « La théorie et l'observation s'ac-
cordent pour établir que, dans l'état actuel de nos connaissances, la prédic-
tion du temps est une chimère* ». La théorie ? laquelle. L'observation ?
je ne comprends pas.
      Non : le problème existe, il se pose tout seul. Pourquoi vouloir pra-
tiquer la politique de l'autruche et refuser de le regarder en face ?
      La prévision du temps à long terme rendrait à tous, assurément, les
plus grands services, mais le problème dont on recherche la solution est
fort malaisé : nous admettons bien volontiers que divers faiseurs d'ho-
roscopes n'ont été guidés que par le souci du bien public, mais nous avons
montré que leurs prévisions ne sont pas assez précises pour être soumises
à un contrôle numérique2. D'ailleurs, jusqu'alors, l'état de la science
météorologique n'encourageait guère de tels pronostics, et l'auteur le plus
autorisé3 jugeait fort sévèrement la question :
      « Tous les essais de prévision à longue échéance reposent, explicite-
 ment ou implicitement, sur la croyance à une périodicité dans les phé-
 nomènes météorologiques (p. 387)... Les annonces faites plusieurs se-
 maines à l'avance ne reposent sur aucune base scientifique. Les auteurs
 de ces prophéties sont les premières dupes de leur crédulité, quand ils ne
 cherchent pas simplement à exploiter la crédulité du public (p. 404) ».
      Un tel jugement pouvait décourager des essais sincères. Sans croire
 à une périodicité absolue, on peut imaginer cependant une certaine ana-
 logie, une sorte de continuité dans le développement des phénomènes
 météorologiques : sur une telle base, et en appliquant l'analyse harmo-
 nique aux courbes du baromètre, Vercelli, nous l'avons vu (v. R. L. XV
 p. 294) est parvenu à de curieuses extrapolations; mais tous les dévelop-
 pements ultérieurs nous ont encore montré qu'il n'y avait là qu'un em-
 bryon de méthode, que la pression n'était qu'une des mesures du météo-
 rologiste et que l'avenir exigerait que l'on tint compte de tous les éléments

   1. Cosmos, t. XXIV (1864), p . 60.
   3. Bulletin de l'Observatoire de Lyon, t. I, n° 2, septembre 1913.
   3, A. Angot, Traité élémentaire de météorologie, 3 e édit,, Paris, gr. in-8°, 1916.