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Barnoin, qui était alors évêque de Vienne, s'intéressa à leur sort, ainsi qu'Hir-
mengarde, la femme de Louis l'Aveugle, fils de Bozon, qui régnait alors
sur la Bourgogne, dont dépendait le Viennois. Ils résolurent de confier aux
moines de Montirandel le monastère ruiné de Saint Theudère pour le res-
taurer et y vivre sous la règle de Saint Benoît. Mais il fallait obtenir l'appro-
bation du pape Formose ; Barnoin partit donc pour Rome avec le supé-
rieur de la communauté, le moine Adalric*.
      Le pape octroya une charte qui approuvait et confirmait le nouvel
établissement. Elle est connue sous le nom de Précepte du pape Formose, et
datée de 891 :
      Les mqines étaient autorisés à suivre la règle de Saint Benoît pour
l'exercice de la vie cénobitique. Ils étaient exhortés à rétablir l'ancien mo-
nastère et à y faire toutes les réparations nécessaires. Mais pour les faci-
liter, les évêques de Vienne étaient formellement invités à ne pas leur im-
poser de servitude, ni de voyage coûteux ni de réception dispendieuse,
enfin de n'exiger d'eux que le cens d'une livre d'argent pour la fête de
Saint Theudère, payable à la fin de l'année. L'Abbé devait être élu en toute
liberté suivant la règle de Saint Benoît et les moines pouvaient en cas de
nécessité avoir recours à la suprême autorité du pape. Le précepte se ter-
minait par l'anathème jeté à ceux qui porteraient atteinte aux biens que le
monastère possédait ou pourrait posséder dans la suite des temps 2 .
      L'évêque Barnoin donna en 894 un précepte en faveur des religieux,
qui complète celui du pape Formose. Le but poursuivi par l'évêque est sur-
tout de doter le monastère des revenus qui lui sont nécessaires et d'assurer
sa prospérité. Du reste le jeune comte Hugues de Provence 3 , qui sera plus
tard le successeur de Louis l'Aveugle sur le trône de Bourgogne, est confié
à leurs soins pour y recevoir son éducation et son instruction, c'est une
preuve de l'importance déjà reconnue de cette institution monacale.


     1. V. Spicilegium, sive Collectio veterum aliquot scriptorum gui in Galliae biblwthecis dehtuerant, olim
edilum opéra et studio L. d'Achery, édition de Paris, Montalant, 1723 ; 3 vol. in-fol., t. III, p. 366-367.
     2. V. aussi : D. Mart. Bouquet, Recueil des historiens des Gaules et de la France, Paris, 1738-1855 ; 21
vol. in-f°, t. IX, p. 202.
    3. Il est désigné comme le fils de Louis l'Aveugle, mais il ne l'est pas, nous croyons que c'est un de ses
neveux.