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proportion ; les domestiques ne s'embarrassent point dans leur service ;
elle peut contenir autant de sièges que le bord demi-circulaire de la cuve
reçoit de personnes. L'architecte a percé deux fenêtres à l'endroit où
commence la voûte, afin qu'on pût voir le goût avec lequel le plafond est
construit. La face intérieure des murs ne présente qu'un enduit d'une
extrême blancheur. Là, aucune peinture obscène, point de honteuse nu-
dité qui, tout en faisant admirer l'art, vienne déshonorer l'artiste. On n'y
voit point d'histrions dans un costume, ou sous un masque ridicule, imi-
ter Philistio par leur fard et la bigarrure de leurs couleurs. On n'y aperçoit
aucun lutteur, tâchant par différentes attitudes de vaincre son adversaire
ou d'éluder ses coups. Aujourd'hui, même si les luttes offrent des pos-
tures indécentes, la chaste baguette des gymnasiarques les détruit sur le
champ. On n'y trouve rien en un mot qui puisse alarmer la pudeur. Quel-
ques vers néanmoins peuvent arrêter un instant les personnes qui entrent ;
ils sont de telle nature qu'on n'est point tenté de les relire, qu'on ne re-
grette pas de les avoir lus ».
      En lisant la description de ce Hammam du Ve siècle on comprend
quelle importance on attachait, sous la civilisation romaine, à l'adduction
de l'eau en grande quantité. Steyert ne nous dit-il pas que Lyon en rece-
vait 60 fois plus qu'aujourd'hui, bien que sa population ait été probable-
ment dix fois moins nombreuse.
      A côté de l'appartement des bains, où se trouve la chambre des par-
fums, nous venons de visiter une piscine grande comme si elle était pu-
blique. Est-ce Sidoine qui l'a construite ou son beau-père Avitus ? L'un
et l'autre étaient chrétiens, ennemis par conséquent de ces peintures lé-
gères si recherchées dans les thermes, mais ces vers sur les murailles très
blanches, vers qu'on n'est point tenté de relire, mais que cependant on ne
doit pas regretter d'avoir lus, semblent bien avoir été composés par le
signataire de la lettre. Si la religion enseigne la modestie, peut-elle étouffer
complètement l'amour-propre d'un auteur latin ?
      En poursuivant notre lecture, nous apprenons qu'il n'y a pas dans
la villa de marbres rares apportés de Paros, de Phrygie, de Sparte ou d'ail-
leurs, qu'il n'y existe pas non plus des rochers ou des précipices artificiels,
mais qu'on trouve dans cette humble habitation la fraîcheur naturelle du