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été de ces hommes assez heureux pour n'avoir point eu de vie qu'on puisse
écrire ». Voici cependant, sur cette vie mal connue, quelques détails en
partie inédits.
      Jean-Joseph Vasselier, baptisé à Rocroi le 16 octobre 1735, dans
l'église de Saint-Nicolas, était fils de Nicolas Vasselier et de Jeanne Le-
queux, qui s'étaient mariés, dans la même ville, le 8 octobre 1731. Il eut
pour parrain et marraine Gilles Lequeux et sa femme Poncette Guillo-
teaux, de Sévigny-la-Forêt. Après la naissance de ce fils, Vasselier père
— qui mourut en 1766 — devint « maître des postes aux lettres » de Rocroi ;
et quand sa veuve mourut trois ans plus tard, en 1769, elle était « direc-
trice de la poste aux Lettres » de la même ville.
      Jean-Joseph Vasselier (toujours d'après son éditeur) « trouva dans
la garnison de Rocroi », grâce à son « esprit observateur..., l'occasion de
satisfaire un goût naissant qu'il a développé dès lors avec succès... Des
soldats furent ses premiers maîtres ». Ce qui veut dire, probablement,
que dans la garnison de sa ville natale, ville fortifiée et garnie de troupes
pendant les guerres de la seconde moitié du xvnr3 siècle, il dût connaître
quelques officiers qui s'intéressèrent à lui, l'aimèrent pour « son amabilité,
sa douceur » lui prêtèrent des livres, et encouragèrent son goût d'enfant
pour la littérature.
      « Mais ce ne fut qu'en 1755, dans le tumulte des camps, qu'il se con-
sacra aux Muses » (continue son biographe). On peut donc croire qu'à
vingt ans il suivait les armées françaises, non pas comme soldat sans
doute — car on verra qu'il était contrefait — mais vraisemblablement
comme employé dans l'administration de la poste aux armées, ou com-
mis aux écritures dans quelque autre service. C'est ainsi qu'il aurait vécu
« dans le tumulte des camps » pendant la guerre de Sept ans, jusqu'en
 1762, date de son arrivée à Lyon selon son préfacier. Il avait alors vingt-
sept ans 1.
       En 1769 (d'après la Biographie Universelle, cette fois), le jeune Vas-
 selier était ou devint premier commis à la Direction des Postes de Lyon,
 et « eut l'occasion »,en cette qualité, « de rendre service à Voltaire pour la
     1. Le nom de Vasselier figure pour la première fois dans l'Almanach de la Ville de Lyon pour 1776
(p. 208). Il est alors contrôleur au Bureau général des Postes, établi rue Saint-Dominique.