Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                                             — 342 —
lir le gui sacré dans les forêts du Dauphiné. Ces assertions ne reposent
sur aucune base sérieuse. Par contre, les Romains ont laissé des traces
incontestables de leur séjour dans l'île et sur le territoire actuel de Saint-
Rambert où des inscriptions, des tombes, les substructions d'une villa ont
été retrouvées.
      La tradition veut qu'au IIe siècle, des chrétiens lyonnais, échappés aux
soldats de Sévère, se soient réfugiés à l'Ile-Barbe, y continuant par la
suite leur existence érémitique.
      Vers l'an 240, ou environ, ils furent grofipés par un seigneur du pays,
nommé Longinus, dans un monastère édifié à la pointe septentrionale de
l'île et placé sous la direction de Saint Dorothée. Une légende fait de ce
Longinus le soldat Longin, qui perça le flanc de Jésus sur la croix. Touché
de repentir, il se serait retiré à Pîle-Barbe pour faire pénitence et y aurait
apporté le corps de Sainte Anne 1 .
      L'influence des moines contribua beaucoup à répandre le christia-
nisme et la civilisation dans les campagnes d'alentour. Leur régularité
de vie, la réputation de sainteté de certains d'entre eux et aussi le refuge
qu'offrait le monastère contre les troubles du dehors, y attirèrent de nom-
breux religieux, aussi une nouvelle église et une maison élevées au centre
de l'île s'ajoutèrent aux bâtiments primitifs édifiés par Longin.
      En l'an 400, l'abbé Martin, nommé primat des Gaules, place les
 moines sous la règle de son homonyme. Les abbés ont le titre de chorévê-
 ques et portent la mitre et la crosse. La situation et les privilèges de l'ab-
baye s'accroissent au cours des siècles suivants et le pape Lucius déclare
 « que lors même un interdit pèserait sur toute la terre, il est permis aux
 religieux de l'Ile-Barbe de réciter l'office à voix basse, les portes closes
 et les cloches muettes ».
       Ce fut pendant l'épiscopat de Martin que les moines de l'Ile-
 Barbe devinrent fortuitement possesseurs du chef de Saint-Florent, mar-
tyrisé en Bourgogne, en l'an 407.
       La tradition rapporte que les barbares s'étant emparés de Florent
lui tranchèrent la tête avec un soc de charrue, mais le corps décapité se
     1. La similitude de noms a sans doute donné naissance à cette légende dont l'anachronisme est évident
et que Le Laboureur a démentie dans ses Masures de l'Ile-Barbe.