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— 34° — Lombard écrit : « Hier j'étais au bout du pont Lafayette et me trou- vais coudoyé par deux hommes en blouse blanche proprement mis. L'un d'eux a dit en voyant l'Impératrice : « Un petit coup de [mot illisible] ou de [id.] ne serait pas de trop ». Je n'ai pas perdu de vue ces deux hommes, et leur ai entendu redire ce même propos. J'étais trop seul pour leur répon- dre, mais je crois bien que je les reconnaîtrais au milieu de mille autres ». Dubost, de la brigade n° 4, a résumé son rapport en une ligne. « Point entendu de mauvais entretien ». Mais on a ajouté à sa rédaction concise un post-scriptum d'une écriture très correcte : « On dit avoir entendu un charretier qui menait une vache dans un tombereau, criant à la foule : « Ve- nez voir l'Impératrice! ». Cet homme a encouru le blâme général. Ceci se passait sur le pont Tilsit, près de la voûte des Templiers pendant que S. M. était à la cathédrale ». Quand tout fut fini, les crieurs patentés de la police politique pas- sèrent à la caisse pour recevoir le salaire dû à leur travail. On les payait aux pièces, et il ne semble pas qu'ils aient touché, au moins pour cette catégorie, de mensualités fixes, ainsi qu'il ressort du billet suivant, daté du 27 août 1869. « Je prie M. l'Inspecteur Morton de vouloir bien remettre à mon père ce qu'il me revient pour la surveillance que j'ai fait avec vous. Ne pouvant m'absenter de mon travail, je suis obligé de chargé mon père de toucher pour moi le présent vous servira pour ma signature ». La conclusion de cette petite histoire est que les visites de grands personnages nécessitent une habile préparation quand on veut insérer dans la presse officieuse et officielle des récits attendrissants sur la fidé- lité des citoyens aux institutions qui les régissent. Et ceci incline volon- tiers au scepticisme, touchant les manifestations « spontanées » de l'opinion publique. F. DUTACQ.