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— 334 — maison pour la meilleure administration de ses terres et fermes, sur les diverses manières de semer, tailler, greffer, de faire le vin ou la bière, d'élever veaux, poulains, canards ou lapins, et surtout une quantité de ces merveilleuses recettes si appréciées de nos pères contre tous accidents et maladies. En voici deux, au hasard, qui se recommandent autant par la simplicité de leur préparation que par leur souveraine efficacité : « Pour battement de cœur : Prenez deux cœurs de pourceaux, trois cœurs de cerf ;... faites le tout tremper en vin de Malvoisie l'espace d'une nuict, puis distillez par alambic et réservez l'eau pour usage quand né- cessité se présentera... » ; ou bien encore : « froter quelque pièce d'or avec safran, car par le moyen d'iceluy, une vertu restaure le cueur ». Mais pour la douleur colique « Rien n'est plus souverain que de porter sur soy un anneau ou boiste d'argent où soit enfermé quelque morceau du nom- bril d'un enfant nouveau-né, et que l'anneau touche la chair... ». Il est vrai que l'auteur émet parfois un doute discret sur l'efficacité de ces formules et qu'il n'hésite pas à dire quelque part : « toutesfois, je te conseille de ne te tant fier que tu n'attentes autre remède... ». Mais entre toutes ces recettes, il en est une qui se recommande tout particulièrement aux aimables lectrices de cette Revue. Au chapitre de la Paneterie, qui est l'art de faire le pain, après avoir déclaré que « le pain seul ne desplait jamais », attendu que « par un bénéfice esmerveillable de nature, il est aggreable en toute sorte de repas », l'auteur reconnaît qu'il y a diverses espèces de froument, et que « celuy qui sera soigneux de son vivre et de sa santé doit faire choix de pain selon sa fortune, condition et nature ». Si, par exemple, le pain de seigle est « fort mal plaisant, gras, visqueux, pesant pasteux, noirastre et plus utile en temps de cherté pour assoupir la faim aux gens vils et rustiques,» cependant « les médecins de Cour ordonnent telle sorte de pain aux Roys et grands Seigneurs pour en user afin d'avoir le ventre lasche, et principalement ceux qui ne travaillent point de leur corps, comme les gens studieux, moines, chanoines et au- tres délicates personnes ». Aussi, voyons-nous que « les femmes lyonnoises, pour estre belles et avoir un beau teinct, le corps solide et succulent, n'usent d'autre pain que de seigle... ».