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 maison pour la meilleure administration de ses terres et fermes, sur les
 diverses manières de semer, tailler, greffer, de faire le vin ou la bière,
 d'élever veaux, poulains, canards ou lapins, et surtout une quantité de
 ces merveilleuses recettes si appréciées de nos pères contre tous accidents
 et maladies. En voici deux, au hasard, qui se recommandent autant par
 la simplicité de leur préparation que par leur souveraine efficacité :
      « Pour battement de cœur : Prenez deux cœurs de pourceaux, trois
 cœurs de cerf ;... faites le tout tremper en vin de Malvoisie l'espace d'une
 nuict, puis distillez par alambic et réservez l'eau pour usage quand né-
 cessité se présentera... » ; ou bien encore : « froter quelque pièce d'or
 avec safran, car par le moyen d'iceluy, une vertu restaure le cueur ». Mais
 pour la douleur colique « Rien n'est plus souverain que de porter sur soy
 un anneau ou boiste d'argent où soit enfermé quelque morceau du nom-
 bril d'un enfant nouveau-né, et que l'anneau touche la chair... ».
      Il est vrai que l'auteur émet parfois un doute discret sur l'efficacité
 de ces formules et qu'il n'hésite pas à dire quelque part : « toutesfois, je
 te conseille de ne te tant fier que tu n'attentes autre remède... ».
      Mais entre toutes ces recettes, il en est une qui se recommande tout
 particulièrement aux aimables lectrices de cette Revue. Au chapitre de la
 Paneterie, qui est l'art de faire le pain, après avoir déclaré que « le pain
seul ne desplait jamais », attendu que « par un bénéfice esmerveillable de
nature, il est aggreable en toute sorte de repas », l'auteur reconnaît qu'il
y a diverses espèces de froument, et que « celuy qui sera soigneux de son
vivre et de sa santé doit faire choix de pain selon sa fortune, condition et
nature ». Si, par exemple, le pain de seigle est « fort mal plaisant, gras,
visqueux, pesant pasteux, noirastre et plus utile en temps de cherté pour
assoupir la faim aux gens vils et rustiques,» cependant « les médecins de
Cour ordonnent telle sorte de pain aux Roys et grands Seigneurs pour en
user afin d'avoir le ventre lasche, et principalement ceux qui ne travaillent
point de leur corps, comme les gens studieux, moines, chanoines et au-
tres délicates personnes ».
      Aussi, voyons-nous que « les femmes lyonnoises, pour estre belles
et avoir un beau teinct, le corps solide et succulent, n'usent d'autre pain
que de seigle... ».