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                 DOCUMENTS BEAUJOLAIS

               I. AU SUJET DES DEVISES DES ARMOIRIES DE BEAUJEU

      Les armes de Beaujeu, disent les historiens 13 ont toujours présenté
séparément ou simultanément la double devise : « A tous venants Beaujeu »
et « Fort, fort ». Nous dirons quelques mots de leur ancienneté et de leur
origine.
      La première a été dictée par un calembour2 que nous trouverions
aujourd'hui facile et médiocre ; elle a toujours semblé d'une époque pos-
térieure et fut adoptée par les habitants de Beaujeu, surtout par les com-
merçants qui avaient là un emblème ingénieux, susceptible d'allécher
les voyageurs et les marchands de passage dans leur ville.
      Quant à la seconde devise « fort, fort », elle était le cri de guerre des
barons de Beaujeu, le fait est constant. Elle devait être sentie et comprise
comme une double interjection exhortant les guerriers à la vaillance ;
en outre elle s'alliait parfaitement avec le lion, emblème du courage, qui
formait les armes des sires de Beaujeu. Or il se pourrait que ces deux
interjections consécutives, bizarres, dussent leur naissance à un autre
calembour ; elles peuvent être, par tricherie, l'abréviation des deux ter-
mes paronomastiques fortuna /oratudo qui devaient s'accoupler dans
une sentence lapidaire comme dans ce sénaire iambique que nous recons-
truisons :
                      Obstringitur FORTuna FORiitudine.

     i. Cf. Mémoires de G. Trolieur de la Vaupierre, par L. Galle et G. Gangue, 133-134 ; et Louvet, 1,450.
     2. Il est assez probable que le même jeu de mots a présidé à la formation du terme Bellijoco qui n'est
pas le vocable le plus ancien ; on le trouve peu avant l'an 1000. La forme originelle est d'ailleurs contro-
versée.
     Rev. Lyon,, IV, ni.                                                                           5