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puui d'une façon particulièrement lamentable quand il va pleuvoir : une
dame très honorable me l'affirme pour l'avoir maintes fois constaté ; malgré
la meilleure bonne volonté je n'ai jamais pu distinguer, chez cette bestiole,
l'air lamentable de l'air guilleret et je m'en console en songeant qu'il s'agit
d'un oiseau migrateur, ce qui me laisserait de trop longs mois sans docu-
ments météorologiques. Aux insectes se rapportent mille observations. Le
mémoire qui m'a donné le plus de peine décrit longuement les trajets des
fourmis, observés par un observateur patient et accroupi, et de nombreuses
planches illustrent ce travail1 : j'ai frémi en songeant, d'une part, aux frais
et difficultés d'édition pour les choses sérieuses et, d'autre part, à l'entre-
tien déplorable des routes faute de main-d'œuvre pour casser les cailloux...
      Ici, la bibliographie est immense et je vous en fais grâce, ô lecteur persé-
vérant! Peu de gens, je crois, eurent ma patience inlassable pour parcourir
tout ce fatras, et combien de fois n'ai-je pas serré ma tête entre mes mains
pour en contrôler la solidité! Indignation : non. Ecœurement incoercible
devant cette volubilité, ce manque de bon sens, cette absence de jugement,
ces ragots, ces anecdotes puériles, cette marée de sottise humaine.
      Je pensai un instant qu'il pouvait y avoir quelque action mécanique ou
systématique, car les cultivateurs sont encore unanimes à déclarer les bien-
faits d'un hiver froid, grand massacreur de limaçons, chenilles et insectes
variés qui luttent sans cesse contre les efforts des campagnards. Une belle
occasion de contrôle se présentait à moi, rare, avec deux grands hivers
consécutifs, 1916-1917 et 1917-1918 : les deux fois, le froid se présenta
dans les meilleures conditions pour la lutte, durant longtemps et avec une
épaisse couche de neige persistante qui devait protéger les végétaux. Une
fois de plus on est en présence d'un préjugé, confondant l'action fertilisante
de la neige avec une action stérilisante du froid : pour les deux hivers en
question, l'effet de cette médecine fut médiocre et, somme toute, le froid
fit plus de mal que de bien 2 .


     1. Une fois de plus, un lecteur léger pourrait croire à une plaisanterie. Il n'en est absolument rien, ce
qui est beaucoup plus triste : je possède les deux fascicules et les montrerai si l'on veut ; j'enverrai la réfé-
rence bibliographique à qui la demandera. Chiche!
     2. Cf. Jean Mascart, Comptes rendus de l'Acad. d'Agriculture, 23 octobre 1918.