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plaies d'une ampleur inouïe par rapport à tout ce que vit jamais l'humanité,
des situations toutes nouvelles dans un monde transformé ; et, commentant
un cataclysme récent, un auteur d'esprit écrivait :
      « Pendant que le Japon est ainsi frappé par le terrible fléau dont aucune
science ne peut conjurer les effets, la vieille Europe se querelle et se déchire
à plaisir... Les pauvres hommes ne seront jamais que des enfants, de petits
animaux follets, inconscients de leur incroyable minimité — une poussière
de vermisseaux sur la croûte d'un tout petit satellite d'un des plus petits
astres de l'univers. Néanmoins, parmi ces vermisseaux, il y aura toujours
sans doute des vermisseaux plus vains qui crieront : « Moi, moi, moi ! Mon
« peuple, mon pays, mon génie, nous sommes grands, gigantesques ; nous
« escaladons l'infini! L'avenir nous appartient! » \
      Et c'est bien ici qu'apparaissent les conséquences funestes de la sottise
humaine, sottise qui résume et condense l'orgueil inouï et la vanité somp-
tueuse des conquérants. La duplicité est à la base. Pour satisfaire sa curio-
sité, pour légitimer sa manie d'observateur, de critique, de collectionneur,
parfois de bourreau cruel et inutile, l'homme se fait humble et patelin : « Eh !
dit-il, nul n'est plus modeste que moi ; je ne suis qu'un atome dans l'espace,
et je m'en rends bien compte ; je prépare l'avenir et n'ai d'autre prétention
que d'apporter mon grain de sable aux fondations grandioses de la connais-
sance ; je ne suis qu'un tout petit maillon dans la chaîne des déductions».
Oui, bien. Mais ne vous laissez pas éblouir par cette rhétorique verbeuse et
voyez-le travailler : utilise-t-il réellement tous les résultats des expériences
antérieures ? construit-il patiemment et méthodiquement comme une four-
mi sa fourmilière ? Non pas — et, dans sa folie des grandeurs, il repousse du
pied tous les édifices précédents, il disperse les grains de sable de ses prédé-
cesseurs sous prétexte qu'il s'agit d'observations insuffisantes, de remar-
ques inutiles, d'expériences incomplètes dues à de simples rustauds à
comparaison de ses sens aiguisés et infaillibles ; il traite de préjugés les
idées de ses parents, tout comme l'expérience du père est raillée par l'en-
fant.
      Voyez-le bien faire, l'humble et modeste atome! Les cadres anciens

   1. Chably, dans le Salut Public.