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Constitution de l'an III et à la faire accepter par ses troupes ; rappelait la
part décisive prise par lui à la journée du 13 vendémiaire, en faisant appel
aux souvenirs des Directeurs Barras et Letourneur et de plusieurs repré-
sentants du peuple. Il terminait en priant les membres du Directoire de lui
faire connaître si ses « frères d'armes » étaient parvenus à les convaincre de
son innocence, ou si l'arrêté pris contre lui était maintenu. « Si cela peut
concourir à sauver ma patrie — déclarait-il — je me résigne de toute mon
âme, et dans toutes les occasions vous me trouverez toujours prêt à la
servir avec le même zèle et à vous prouver que si la dernière goutte de
mon sang est nécessaire pour affermir le gouvernement, faire-triompher la
République et anéantir les anarchistes, elle sera versée avec enthousiasme ».
      Pendant que Montchoisy s'attardait à Lyon dans une espérance trom-
peuse, prié d'ailleurs d'y séjourner encore quelques jours par le général
Elie, arrivé pour le remplacer, mais qui, lui-même, n'était pas encore cer-
tain de l'avenir, le Directoire avait pris des mesures pour rendre irrévocable
son arrêté du 8 prairial. Les sollicitations incessantes qu'il recevait et l'irri-
tation dans laquelle l'avait mis l'adresse collective de la garnison, ne lui
permettaient plus de revenir sur une décision dont il semblait disposer
d'ailleurs à aggraver encore les dispositions. Le 23 prairial, il avait adressé
à Kellermann, à son quartier général de Chambéry, la communication
catégorique suivante :
      « Le Directoire vous envoie ci-joint, citoyen général, diverses pétitions
qui viennent de lui être adressées par les officiers et soldats de la garnison
de Lyon. Le titre de ces pièces vous fera voir qu'elles ont été écrites en nom
collectif et en contravention manifeste des articles 275 et 364 de la Consti-
tution que le Directoire doit maintenir par tous les moyens que les lois ont
mis en sa puissance. Il paraît que l'ex-général Montchoisy, au lieu de quitter
Lyon au moment de sa destitution, y a prolongé son séjour et a, sinon
provoqué, du moins donné lieu aux pétitions inconstitutionnelles que le
Directeur vous renvoie. Il eût été convenable que ce citoyen sortît d'une
commune où sa présence excite des troubles dangereux T. Il est facile de

     1. Cette affirmation était complètement inexacte, puisque, le 19 prairial, Paul Cayre écrivait au Mi-
nistre de la Police que « la tranquillité subsistait en ville, qu'on n'y apercevait aucun rassemblement des
Compagnons de Jésus et que la plupart des anarchistes s'étaient dispersés dans les départements voisins ».