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de maréchal de camp, et son ancien chef lui annonça la bonne nouvelle
dans ce billet charmant :
« Vous êtes maréchal de camp, mon cher Dumas ; je partage bien
sincèrement avec vous votre satisfaction et je crois que vous n'en doutez
pas. M. le prince de Montbarey m'a adressé votre lettre d'avis que je vous
envoie. Vous connaissez, mon cher Dumas, mon amitié et mon attache-
ment pour vous, je vous embrasse de tout mon cœur » \
Maréchal de camp, Dumas voudrait maintenant un commandement
effectif. Il remet au marquis de Castries, secrétaire d'Etat de la Marine,
une longue apologie de sa conduitea. Le ministre lui fait courtoisement
savoir qu'il regrette beaucoup de ne pouvoir lui confier à nouveau un
poste colonial3. Il s'adresse au comte de Vergennes, car à l'occasion il
eût volontiers tâté de la diplomatie. La réponse est identique4. Il supplie
le Roi de lui concéder enfiefrelevant de la couronne, avec le titre de comte,
une portion de la côte orientale de Madagascar, se déclarant, après qua-
rante années de service « encore en état d'aller au bout de l'Univers, s'il
était assez heureux pour y être de quelque utilité au service de son maître »\
Vaine tentative ; Dumas est condamné à ronger son frein comme un cheval
d'armes mis en réforme et qui ne galopera plus au son des trompettes.
Il vieillit, il n'est pas riche. Les, « bienfaits » qu'il tient du prince
sont même « en distribution ». C'est la gêne, la misère décente qu'il faut
cacher et qu'un officier général décoré des ordres de Sa Majesté n'a pas
le droit de laisser voir. Dumas se lance dans un plan d'opérations portant
sur la circulation des matières d'or et d'argent, susceptible, paraît-il, de
produire de gros bénéfices 6. Il verse dans les utopies financières du temps
de Calonne et de Brienne, et ne s'y enrichit certainement pas, car, en 1792,
1. Lettre du marquis de Lévis, Versailles, 7 mars 1780 (Archives de la famille Dumas de Rauly).
3. Copie d'une lettre écrite à Mgr le marquis de Castries par M. Dumas, le 34 décembre 1780 (Archives
de la famille Dumas de Rauly).
3. Lettres au général Dumas, de M. de Castries, 33 février 1781.
4. Lettres au général Dumas, à M. de Vergennes, août 1784 ; de M. de Vergennes, 8 août 1784.
5. Au roi et à son Conseil, copie s. d. (de 1783, semble-t-il), conservée dans les archives de la famille
Dumas de Rauly.
6. Contrat sous seing privé entre Dumas, J.-B. de Faulconnier, ancien conseiller de la Cour des
Aides, et J.-N. de Bréard, ancien commissaire de la Marine, pièce originale, 36 juin 1787 (Archives de la
famille Dumas de Rauly).