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— 240 — lorsqu'arrivèrent les dépêches subséquentes relatant les événements ici racontés. Les amis du commandant avaient été impuissants en face de ceux de l'intendant, destiné à connaître à son tour, quelques années plus tard, les inconvénients du mécontentement ministériel. Poivre, en effet, ne s'entendit pas mieux avec le chevalier des Roches qu'avec Dumas et rentra en France en 1773 pour y trouver « l'apparence d'une disgrâce » \ Deux ans plus tard, Turgot le gratifia d'une pension de 12000 livres qui, jointe à sa fortune personnelle, lui permit de mener une existence fort honorable dans sa propriété de la Fretta. Brissot donne à entendre que Louis XVI aurait désiré le voir briguer la charge de prévôt des marchands de Lyon, et qu'il refusa, n'étant pas sûr d'être accepté par une bourgeoisie fort exclusive quand il s'agissait des fonctions consulaires.2 Il mourut, le 6 juin 1786, d'une hydropisie de poitrine, non pas à la Fretta comme l'ont affirmé ses biographes, mais à Lyon, place Bellecour, ainsi qu'il résulte des récentes recherches de M. le docteur Beauvisage. Dumas lui survécut de huit années. Après son rappel, le vieux soldat n'avait pas désarmé et s'était engagé dans une lutte procédurière destinée à « canoniser » les actes de son administration 3. Nous le voyons d'abord gagner sur Rivalz un procès intenté devant le Parlement de Paris *. Ce procès fut pour lui l'occasion de relater et de justifier dans un long mémoire à consulter les principaux actes de son administration5. Entre temps, Dumas avait réussi à obtenir devant le Conseil du Roi la cassation des arrêts du Conseil supérieur de l'Ile de France dirigés contre lui 6 , et il bénéficia de quelques satisfactions matérielles, comme l'indemnité de 40.000 livres que le Roi lui accorda en août 1772 pour le 1. Dupont de Nemours, Notice sur M. Poivre, 74. 3. Brissot, Mémoires, II, 267. 3. Mémoire et Consultation pour le S1 Dumas, 59. 4. Arrest de la Cour de Parlement qui décharge Messire Jean Daniel Dumas brigadier des Armées du Roi, ancien commandant général pour Sa Majesté des Mes de France et de Bourbon, chevalier de l'Ordre mili- taire de Saint Louis, de la plainte en instigation d'usure contre lui rendue par le ST Antoine Rivalz de Saint Antoine, conseiller au Conseil supérieur de l'Isle de France... in-40 (Paris, 1771). 5. Mémoire et consultation pour le S1 Dumas, déjà cité. 6. Mémoire et Consultation pour le S' Dumas, 7, 59, 93 s.