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Louis XVIII) ont déserté pour se joindre à elle... Cette dernière circons-
tance ne serait pas surprenante, car Bonaparte est adoré de ses soldats :
point ne veulent partir pour le service du roi. L'on les a rassemblés, il y
a quelques jours, tous les militaires rentrés, pour les faire rejoindre ; mais
aucun n'a voulu en entendre parler. Si vous les eussiez entendu la nuit et
le jour crier à tue-tête dans les rues de Lyon et ici et partout : Vive l'Em-
pereur ! Vive Napoléon ! On a fait venir des dragons pour empêcher cela,
mais les dragons avaient plutôt envie de faire comme eux que de les em-
pêcher. Cependant il n'y est rien arrivé, grâce à la prudence des autorités
qui ont employé la plus grande douceur; sans cela, on craignait un soulè-
vement qui aurait pu être bien dangereux. Mais ils se sont tous rentournes
chez eux tranquillement, en jurant que jamais ils ne serviraient que l'Em-
pereur. On envoie des gendarmes dans les campagnes pour tâcher de
les amener. Mais quand les paysans les voient venir, ils se réunissent
avec des armes ; ils les attendent de pied ferme, et les gendarmes s'en
vont bien contents quand ils n'ont pas été obligés de crier : Vive l'empe-
reur ! Voilà où nous en sommes. Du reste tout est tranquille, le commerce
va bien. Que le bon Dieu nous préserve de la guerre ; nous l'avons déjà
bien trop eue !... ».
      Le vœu de Julie Tattet ne fut, hélas ! pas exaucé, et, le 18 juin 1815,
sur le champ de bataille de Waterloo, un de ses cousins, le jeune Charles-
Alexandre Tattet, fils de l'agent de change de Paris, et lieutenant de l'ar-
tillerie de la garde impériale, était tué par un boulet ennemi !
      Que conclure de tout cela ? Les Tattet de Villefranche semblent
apprécier comme il convient la prudence du maire de Lyon et des autori-
tés, dont les sympathies personnelles allaient à la royauté ; tandis que,
dans les classes bourgeoises, ouvrières et paysannes, l'opinion demeurait
fidèle au souvenir de Bonaparte, « celui qui vint, en Van VIII, arracher
notre belle Patrie aux horreurs de l'anarchie qui la dévorait », comme le
disait le comte de Fargues, maire de Lyon, dans sa Proclamation du
11 mars 1815.
      Mais le sentiment qui dominait toutes les opinions politiques, c'est
que, d'un côté comme de l'autre, on était las de la guerre et qu'un même
besoin de tranquillité et de paix animait tous les cœurs.