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      Tante Jaqueme prit à cœur ses nouveaux devoirs. C'était une bour-
geoise autoritaire, de caractère ferme et d'esprit pratique, par ailleurs
chrétienne fervente. Restée fille, elle pouvait se consacrer tout entière à
l'éducation de ses neveux.
      Trouvant en l'aîné « un naturel heureux, un esprit docile et un cœur
porté à la piété, elle n'eut pas de peine — nous assure Faillonx — à lui
inspirer la crainte du Seigneur et à lui faire aimer de bonne heure les vertus
chrétiennes. Avec des dispositions si heureuses et si bien cultivées, cet
aimable enfant devint le modèle de tous ceux de son âge. Il abhorrait le
mensonge et la duplicité. La volonté de celle qu'il respectait comme sa
mère lui tenait lieu de règle. On ne l'a jamais vu ni adonné au jeu, ni pas-
sionné pour les spectacles et pour ces sortes d'amusements frivoles qui
entraînent la plupart des enfants naturellement portés au plaisir ». Si les
traditions recueillies par le biographe de Démia sont fondées, il faut croire
que le jeune Charles fut un de ces pauvres petits que la débilité de leur
constitution condamne à une enfance assez morose. Suivant le même au-
teur, il « faisait consister tout son contentement à remplir ses petits devoirs
de chrétien, à suivre dans les églises celle qu'il honorait comme sa mère... et
à se tenir à la maison auprès d'elle, soumis à sa volonté, ne sortant jamais
et ne faisant rien que de son aveu ».
      En juin 1646, les orphelins perdirent leur grand'mère Bartholomye
Bollomier. Le 31 juin de l'année suivante, Amblard-Joseph, le plus jeune
des deux frères, mourait à son tour. Charles portait désormais toutes les
espérances de la famille Démia.
      Tante Jaqueme s'était rendue compte que les six-vingts livres de la
pension, accordée pour l'éducation de l'enfant, étaient insuffisantes. Elle
demanda une augmentation au seul tuteur survivant, Alexandre Bollomier.
Par acte du 3 mai 1648, elle lui fit déclarer « qu'à présent que ledict Charles
 ocmante en aage et de grandeur, elle ne peut continuer la nourriture et
l'entretien, à moins de deux cents livres par an, d'aultant qu'il convient
 faire annuellement audict Charles deux habits, un d'esté et un d'hiver, le


    1. Vie de Démia, livre I, p. 6.