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— 94 — en mauvaise posture, ils se hâtaient d'envoyer une copie de leur lettre au Ministre de la police. Puis des dénonciations violentes, dans lesquelles les mensonges audacieux alternaient avec les inexactitudes, partaient sans relâ- che pour Paris. 'Un véritable concert semblait s'être établi entre tous les délateurs de la ville pour avoir raison de celui qui s'était opposé au massacre de la foule. L'une de ces dénonciations, émanée d'individus se disant les « Amis du gouvernement actuel », est utile à reproduire pour montrer à quel degré était montée la rage jacobine : « Citoyens — y dit-on au Directoire [—, l'affreuse conjuration que vous venez de déjouer à Paris s'étendait jusqu'à Lyon (cette affreuse commune). Il n'existe aucune différence, si ce n'est qu'à Paris elle était soi-disant exécu- tée par les terroristes et à Lyon elle l'est par les jeunes gens de la I er réqui- sition, les émigrés, les étrangers et les voleurs échappés des galères. « Le sang coule à grands flots, et si vous n'y remédiez pas prompte- ment, ces contrées vont devenir un fleuve de sang et l'on n'y reconnaîtra plus qu'un monceau de ruines et l'on verra partout l'anéantissement de la République. « On assassine tous les jours, et cela très librement, en plein midi. Hier, on a assassiné le citoyen Robat... Les soldats d'un nouveau régiment arrivant à Lyon ont été assassinés au nombre de huit. Le nommé Sériziatx, patriote pur, a été assassiné le même jour et plusieurs dragons en cantonne- ment à Lyon ont été assassinés. Tous ces affreux complots s'ourdissent sur la place des Terreaux, lieu vulgairement appelé la Forêt-Noire ; quiconque ose y passer est sûr d'être dépouillé et assassiné... « Vous recevrez sans doute quelques procès-verbaux du général Mont- choisy ; mais tout devra vous paraître suspect... « Tremblez, tremblez pour la chose publique ; le mal est si grand, les secousses si fortes que nous ne pouvons qu'à peine vous instruire des plus grands maux, qui consistent en un mépris général pour nous et le Corps législatif et qui se caractérisent en assassinats contre vos partisans, en meurtres diurnes et généraux. Tout est perdu si vous n'y remédiez . — Salut et espérance ». i. Il s'agit de 1' < informateur secret » Bergeret, que l'on confondit d'abord avec l'un de ses amis.