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 à Lyon une puissance avec laquelle il fallait compter. L'étude de son carac-
tère — trop loué, croyons-nous, par des biographes incomplètement docu-
mentés — n'a pas sa place ici ; mais son attitude à l'égard de Montchoisy
est un élément d'information que l'historien ne peut passer sous silence.
 Dès le départ de Reverchon, pourtant son ami, il mit son influence auprès
du Directoire et des ministres à la disposition des adversaires du comman-
dant en chef de Lyon. Le 4 germinal, à propos d'un réveil d'agitation qu'il
signalait à Merlin, alors Ministre de la Police générale, il écrivait à celui-ci :
« Comme le Bureau central de cette ville n'est pas encore organisé et que
Montchoisy, chef de la force armée, est bien connu pour ne pas défendre la
République et soutenir les vrais républicains, je vous demande en grâce de
faire organiser l'un et de promptement changer l'autre ». Le lendemain,
sans attendre la réponse de Merlin, il adressait au Directoire exécutif une
dénonciation conçue dans les termes passionnés dont il avait l'habitude :
« Je ne sais —disait-il — par quelle fatalité le général Montchoisi a été
rappelé à Lyon pour commander la force armée. D'après les renseigne-
ments que le citoyen Poullain de Grandprey, en mission à Lyon, m'avait
donnés sur la conduite de ce général à l'égard des Compagnons de Jésus et
de leurs sicaires, j'avais demandé son déplacement et vous l'aviez envoyé à
Dijon. Le citoyen Reverchon qui, vraisemblablement, a été surpris sur le
civisme, les intentions et les actions de Montchoisi, a réclamé avec beau-
coup d'instance auprès de vous son rappel à Lyon. La manière dont il a été
reçu au spectacle par tous les royalistes, le bon accueil qu'il ne cesse de leur
faire, sa conduite passée et présente, ne prouvent que trop combien sa
présence, si elle était continuée, deviendrait funeste à la ville* de Lyon, où
l'on ne cesse tous les soirs de chanter le Réveil du Peuple, d'y insulter
ouvertement les patriotes, de laisser promener publiquement les égorgeurs,
plus audacieux que jamais, et de provoquer évidemment à l'assassinat,
etc. ».
      Nous ne savons si Vitet revint à la charge avant le I er prairial, mais,
moins de deux mois après la lettre que nous venons de reproduire, l'occa-
sion lui fut offerte de porter un coup décisif à son adversaire, et, frappé dans
le dos au moment où il venait de faire face au danger, le soldat fut vaincu
par le politicien.