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MICHELET A LYON Il y a cinquante ans, le 9 février 1874, Michelet mourait à Hyères, après une longue vie de labeur, de bataille et de fièvre. L'apaisement s'est fait lentement autour de son nom. Avec le temps, on a oublié le polémiste et le partisan pour ne se souvenir que du grand Français et du grand écrivain, de celui qui a composé, pour reprendre le mot de Taine, « l'épopée lyrique de la France ». Il honore un pays, un siècle. Quelles que soient les réserves que certains puissent faire sur telles parties de son œuvre, tous doivent s'incliner devant cette œuvre elle-même^ imprégnée de poésie et soulevée par un souffle généreux et puissant, traversée d'éclairs magnifiques. Et puisqu'il a consacré aux Deux Collines des pages d'une si vivante élo- quence, peut-être n'est-il pas inopportun de rechercher ici*, quels rapports il a eus, pendant sa vie, avec Lyon et les Lyonnais ? « Il est un lieu, dit-il, une ville entre toutes, où l'antagonisme des deux âges, de l'esprit des vieux temps et de l'esprit nouveau apparaît aux yeux- mêmes, dans toute sa grandeur. Cette ville exerce sur mon âme une inexpli- cable puissance d'émotion : elle agite en moi un monde de pensées... Ni Paris ni Rome n'a sur moi ce pouvoir de fascination mystérieuse... Cette ville, c'est Lyon» 2 . Michelet a fait, entre Saône et Rhône, des séjours successifs dont il a tiré parti dans son œuvre et dont j'ai retrouvé la trace dans ses papiers inédits 3. Sans doute, lorsqu'il est allé à Rome en 1830, il ne s'est arrêté 1. A l'occasion du cinquantenaire, M.Paul Sirven a édité un volume de Lettres inédites de Michelet. J'ai publié les lettres inédites de V. Hugo à Michelet dans la Revue de France et une étude sur Michelet et ses amis dans la Revue Mondiale (15 février 1924). 2. Le Banquet, i r e édition, 1879) p. 156. 3. Musée Carnavalet. Rev. Lyonn., IV, 1 4