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partie de son bien, sa maison, ainsi que celles des autres fugitifs fut encore
saccagée et ses effets séquestrés, en sorte qu'en 1586 il fut contraint de pré-
senter, par procureur, une requête à M. de Langes, Lieutenant Général de
la Sénéchaussée et Commissaire du Roi en cette partie, le même dont nous
avons déjà parlé plusieurs fois, pour avoir main levée des effets saisis au sac
de sa maison, (ce sont les expressions de sa requête) qui fut décrétée favora-
blement par cet ancien ami de sa famille, mais comme la nature de ces
effets en rendait le transport difficile, il fut obligé de les laisser encore à
Lyon, et quand le 24 Février 1589 cette Ville embrassa ouvertement le
parti de la ligue par les menées de l'Archevêque d'Espinac, soutenus par les
prédications des religieux, tous ceux qui étaient attachés au parti du Roi se
retirèrent de la Ville, et cette révolution fut une nouvelle occasion de trou-
ble et de pillage, et alors les effets que Jean de Tournes y avait encore
furent absolument pillés et depuis cette époque il ne paraît pas qu'il ait fait
aucune démarche pour les recouvrer.
      Ce fut le 13 9 be 1585 qu'il partit de Lyon et l'on peut juger du chagrin
qu'il ressentait de cet exil par les expressions dont il en parle dans son
journal : Edicto regio cogor patriam, domum, Mcecenatesquam plurimos, ami-
cos innumeros reltnquere, Genevamque petere, cum uxore et Socero trihusque
ejus liberis, quo quarto decimo... die appulimus. Hic Vir pius, litteratus ac de
me bene meritus Lud. Turquet me volentem nolentem hospitio genevensi extra-
xit, triduo que apud se habuit donec interea mihi pararem lectos et alia necessa-
ria in eedibus convenus a. D. Johanne de Ugalis. — Il serait difficile de dire
plus de choses en moins de paroles : son départ, sa date, sa cause, ses re-
grets, sa compagnie, son arrivée, l'accueil obligeant d'un ami, le temps qu'il
resta chez lui et le lieu où il alla en le quittant ; ce paragraphe perdra beau-
coup de son mérite dans cette traduction française : « Je suis contraint par
un Edit du Roi d'abandonner ma patrie, ma maison, beaucoup de protec-
teurs et des amis sans nombre, et de fuir à Genève avec ma femme, mon
beau père et trois de ses enfants, où nous arrivâmes le 4 e jour. Là Louis
Turquet, cet homme recommandable par sa piété et sa science, me tira
malgré que j'en eusse de l'auberge et me garda pendant trois jours chez lui
en attendant que je me fusse procuré les lits et les ustensiles nécessaire pour
aller occuper la maison que j'avais louée de M. de Vgalio. »