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420              CHRONIQUE D'ARCHÉOLOGIE



   V. — Les inventaires de biens meubles sont toujours
rares ; on en trouve fort peu antérieurs au xive siècle. Ceux
qui restent sont d'autant plus précieux que « les meubles et
les effets mobiliers peuvent facilement être transportés d'un
lieu à un autre, qu'ils ont aussi une facilité spéciale à
changer de propriétaires » et que, souvent sans grande
valeur, ils méritent à peine d'être inventoriés. Et cependant
il devient aisé par les pièces de ce genre de pénétrer dans
la vie privée de nos pères, sans compter que lorsqu'ils sont
rédigés en français la lexicographie y trouve un heureux
appoint.
   M. l'abbé Fillet publie des extraits substantiels de vingt-
trois contrats de mariage ou testaments, dans lesquels les
notaires ont inséré des notes d'objets mobiliers. Sans doute
les termes sont, en partie, spéciaux au Dauphiné, mais les
Lyonnais,leurs voisins, comprendront aisément ces expres-
sions parce que leurs aïeux étaient logés et habillés assez
semblablement. Les pièces citées par l'auteur s'étendent
de 13 10 à 1468 et proviennent de registres conservés chez
un notaire de Grignan (Drôme).
   Les inventaires se prêtent mal à l'analyse ; il est cependant
intéressant de savoir ce que contenait une maison de paysans
au xive siècle. Les moindres objets y sont signalés comme
nnum. pulvinar, una culcitra, unaolla terra, unum parvuni
platellum, unum cloqucar (pour cocbkar) ; dans les mai-
sons aisées on trouve des objets plus dignes d'attention :
una sallada, una cota de malbe, una brigandina, unum arne-
siutu appelaium garde cors, uiius ensis ; c'est, on le voit,
un vrai luxe d'armes. Chez le curé de Cliansays on trouve
surtout des livres liturgiques (ce qui, entre parenthèses,
n'est pas. sans intérêt pour l'histoire littéraire) : quatuor