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20                      LU BIBLIOGRAPHE

que toutes les rimes doivent, deux à deux, faire un jeu de
mots ou calembour :

        C'est un estrange cas, quand un homme vieil ard
        D'amour, dont nous voyons embrasé le vieillard.

   On dirait Bruscambille, débitant de la morale en style
facétieux. Les vers équivoques ou omonymes n'étaient pas
une nouveauté : au xv e siècle et au xvi% Meschinot,
Molinet, Guillaume Crétin, les deuxMarot s'étaient occupés
de ces passe-temps, où il paraissait ingénieux de faire rimer
méchant son et chanson, sansonnet et sans sonnet ( i ) . Si la
rime en calembour n'est pas une invention de du Verdier,
du moins il est très fier d'être le premier « qui ait escrit de
suite tant de vers de ceste sorte », en observant régulière-
ment l'alternance des « masculins et féminins ».
   C'est une gloire médiocre. Cependant, à on passe sur la
singularité de la forme, sur les étrangetés et les remplissages
qu'elle traîne nécessairement après elle, on conviendra
que cette satire ne manque pas toujours de vigueur et
d'à-propos. Voici, par exemple, un tableau de mœurs que
du Verdier avait pu voir plus d'une fois, en courant le
pays avec la compagnie de M. le Sénéchal de Lyon :

      Le laboureur foullé déteste la noblesse,
      « Au lieu d'allégement, — dit-il —, elle nous blesse.
      J'ay eu en trois logis de soldats trente neuf,
      Qui ne m'ont délaissé, veaux, brebis, poulie, n'œuf. » *

   Antoine du Verdier annonçait en finissant une autre
satire qui élèverait plus haut îe ton. Soit que la première


  (i) Voy. Quicherat, Tr. de versification française, 2e édic, p. 462.