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 116                    LE BIBLIOGRAPHE

amis ne lui avait pas refusés, avec une belle dédicace au roi
et un « Discours sur les bonnes lettres ». Le livre se fer-
mait sur cette naïve espérance, qui jusque-là n'a pas été
trompée :

        Slet liber hic donecfluctusformica marinos
        Ebibat, aut totum iestudoperambukt orbem ( i ) .

 . Antoine du Verdier sentait bien cependant l'imperfection
de ce travail, resté fort au-dessous de sa conception;
c'est à son grand regret qu'il livrait à la critique une œuvre
qui sortait « abortive de ses mains », et qu'il aurait voulu
retenir quelques années encore. Mais il était talonné par
une concurrence qui lui fut très désagréable, car au même
moment François de La Croix du Maine imprimait à Paris
une autre Bibliothèque française qui se trouva prête et
parut plusieurs mois avant la sienne. La Croix de Maine a
parlé avec politesse et convenance de la Bibliothèque de
son rival, « de laquelle, dit-il, tant s'en fault que j'en sois
jaloux, qu'au contraire je désire extrêmement que luy et
tous autres qui auront entrepris des sujects pareils aux
miens, les mettent en lumière, pour de plus en plus enrichir
notre langue, et pour estre causes d'un bien public (2). »
Du Verdier n'a pu se dispenser, lui aussi, d'un petit com-
pliment . banal : la Bibliothèque de La Croix du Maine,
« provenant d'une si bonne main, ne peut estre qu'accom-
plie et bien receùe » ; mais ce compliment ne serait-il


  (1) Ces deux vers sont empruntés à la PragtnaticaScwctio de Guymier.
Paris, 1507.
  (2) Premier volume de la Bibliothèque dit sieur de h Croix du Maine,
Paris, 1584, in-f», p. 22.