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212 L'AMBULANCIÈRE ALSACIENNE là -bas, vers Lyon, le retour de son fils, de son enfant ten- drement aimé. Que pouvait bien être la douce Alsacienne ? Etait-elle célibataire, épouse ou veuve ? Plus d'une fois ces ques- tions étaient montées aux lèvres des malades ; mais aucun d'eux n'osa les formuler devant leur infirmière ; non seule- ment l'humble respect dont ils l'entouraient les empêchait de lui poser une question qui aurait pu être indiscrète, mais encore, ils avaient trop peur, eux qui pendant les horreurs sanglantes d'un siège meurtrier n'avaient jamais tremblé, de voir fuir et disparaître, devant leur curiosité, la gracieuse apparition qui, pendant quelques instants chaque jour, venait leur donner la sensation de la fraîcheur d'un ciel printanier et mettre un peu d'ordre dans leur lugubre chambre d'ambulance. Les enfants de Lyon quittèrent Belfort sans avoir percé le mystère dont semblait s'entourer leur charmante garde- malade ; ils avaient constaté cependant qu'elle ne devait pas être libre de ses moments, car souvent ils la virent arriver près d'eux émue et essoufflée, comme une personne qui a beaucoup couru, glisser entre les lits et faire le travail, dont elle avait charitablement entrepris la tâche, avec une hâte fébrile et repartir ainsi qu'une personne dont le temps est compté. Deux ou trois fois même, ils crurent apercevoir des suites de larmes autour des myosotis de ses yeux; mais ils ne virent jamais, sur son gracieux visage, que le doux sou- rire qui accompagnait son bonjour amical, et le regard de tendre compassion et de joyeux espoir qu'elle jetait à ses malades en leur disant au revoir. L'un des anciens Mobiles cependant, étant retourné à Belfort un an après la fin du siège, en 1872, voulut, avec un de ses parents qui l'avait accompagné, rechercher la chari-