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406                       CLAUDE RAFI

que le soin que mettent les artistes à choisir chez le meil-
leur luthier, l'instrument qu'ils chargent de transmettre
leurs émotions musicales.

    De nos jours, le goût des choses anciennes, et, ajoutons-
le tout bas, un peu le mercantilisme, ont tiré de l'oubli le
nom d'une foule de ces luthiers, dont le mérite a été con-
sacré par le temps, et sur lesquels les contemporains sont
bien muets : c'est donc dans les archives qu'il faut aller
chercher leurs traces. C'est ce qu'on a fait notamment pour
l'illustre école des luthiers Crémonais; c'est ce que se pro-
posait de faire pour les luthiers lyonnais, M. le D r Coutagne,
à qui nous devons la partie documentaire de ce qui va
suivre.
    Le témoignage des auteurs, sur les luthiers leurs con-
temporains, étant d'autant plus rare que l'on remonte plus
avant dans le passé, nous avons été agréablement surpris
de rencontrer trois fois dans les poètes du xvie siècle le nom
de Rafi, luthier lyonnais. Son mérite ne paraît pas avoir
dépassé la sphère de sa spécialité instrumentale, aussi nous
n'hésitons pas à croire qu'il fut bien grand, pour avoir pro-
voqué, contre toute habitude, une mention qui devait
sauver son nom de l'oubli.

  Dans son églogue sur Mme Loyse deSavoye, mère dit Roy
Françoys i" de ce nom, morte en ijji, Marot, qui avait déjà
passé à Lyon, et qui était peut-être lui-même exécutant,
Marot fait dire au berger Thenot :

          Et si tes vers sont d'aussi bonne mise
          Que les derniers que tu feis d'Ysabeau,
          Tu n'auras pas la chose qu'ai promise,
          Ains beaucoup plus et meilleur et plus beau.