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                       ET D'HISTOIRE                     419

solution duquel ses recherches ont fait f.iirc un pas décisif.
Voici ce dont il s'agit. Dans les textes anciens, tirés des
chroniques ou des chansons de gestes, il est souvent ques-
tion des épées de Bordeaux ; on constate que la réputation de
ces lames s'étendait fort loin à l'étranger. Les historiens de
la ville de Bordeaux (Gironde) n'avaient jusqu'à présent
éprouvé aucun scrupule d'admettre que leur ville était le
centre où se fabriquaient ces armes remarquables. Or, deux
textes, tombés sous les yeux de M. Giraud, lui ont donné à
réfléchir et finalement ont lancé ses investigations dans une
voie toute nouvelle.
   Dans la narration de son voyage en Italie, en 158:,
Montaigne rapporte ce qui suit : « Après Chambéry, le
mont du Chat... au pied duquel siet un grand lac (du
Bourget), et le long d'icellui un château nommé Bordeau,
où se font des espées de grand bruit, et au giste à Hyenne,
quatre lieues, petit bourg. » De plus, d'après une pièce
manuscrite de 157e, Michel et Claude Pasquier, « forgeurs
d'espées, de Bordeau, près le Borgey lès Chambéry, en
Savoye » vendent à Jean Perret, dit Fayc-, bourgeois de
Lyon, toutes les lames qu'ils fabriqueront pendant trois ans
à raison de huit livres douze sols la douzaine de lames
fines et de onze florins les moyennes. A ces deux textes
M. Giraud ajoute un grand nombre d'autres qui ne per-
mettent plus aucun doute : les épées de Bordeaux si
renommées étaient fabriquées à Bordeaux (Savoie) et non
Bordeaux (Gironde). La rectification en vaut la peine.
Parmi les pièces justificatives qui accompagnent ce remar-
quable travail, deux surtout sont à signaler : la mention de
tous les textes du Moyen Age et de la Renaissance où il est
question de la réputation de ces larhcs, et une liste des
maîtres ou artisans qui, avant 1650, fabriquaient désarmes
en Savoie.