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ANTOINE DU VERDIER 165 du Roy. C'est le chant de triomphe et de joie du parti vic- torieux ; c'est aussi une sorte de petit traité du gouverne- ment monarchique, et un manifeste contre la Ligue, dont l'auteur raconte à sa manière les origines et décrit les excès. Cet opuscule, d'un très grand intérêt, est la meilleure page, malgré un ton trop déclamatoire, que du Verdier ait écrite, parce que, cette fois, nous entendons un homme, non un littérateur. Il finit par un récit animé des faits qui venaient de se passer à Lyon : comment le peuple prit l'écharpe blanche, acclama le portrait de son prince, et de bon cœur, « haut et clair », cria : Vive h Roy ! Naturellement le livret de du Verdier ne plut pas à tout le monde. Un ligueur sans repentir, qui se masqua sous le nomdejeandela Souche, lui écrivit une lettre où il ne l'épar- gnait pas, lui ni son œuvre ; il lui reprocha « des discours pédantesques, des allégations fausses et mal à propos, des impostures et mesdisances, des louanges du Roy sottes et goffes, des exhortations ridicules, des énigmes, des fables grammairiennes, un style rude et affecté, et toute sorte d'ineptie. De façon, — lui dit-il, — que faisant esclorre ce que vous couviez de long temps, et qui vous grouloit piéçà dans le ventre, au lieu d'estre réputé bon Humaniste, Poète, Légiste, Orateur, Historien, Théologien, hommed'Estat, et grand sçavant homme, comme prétendiez, faisant cet escript vous en rapportez l'opinion des qualitez toutes contraires. » Un ami de l'auteur malmené, Pierre de la Coignée (enten- dez du Verdier lui-même, très probablement) défendit pied à pied le Discours sur la réduction, dans une réponse datée du 24 avril 1594 (1). La discorde finit à Lyon par cette (1) Response de Pierre la Coigtiée à une lettre escripte par Jean de la Souche à VAntheur du discours faict sur la réduction de la ville de Lyon soiibs l'obéissance du Roy. ^Avec la coppiede ladicte lettre. Lyon, 1594.