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               LA COMPLAINTE

   Des statues, 1' bourgeois n'en veut pas
   Rappor' à son plafond qu'est bas
   Faudrait leur casser mains et pieds
   Pour y vend' ça comme presse-papier.
       Ab ! que malheur !

   Y a bien les command's ed' l'Etat
   Mais ça n' donne pas pour el' tabac
   Et puis faut trop fair' son lézard
   Dansel' ministère des bazards.
       Ah ! que malheur ?

   Les peintres y sont ben plus heureux
   Y gagn'nt ed l'argent gros comme eux
   Mais l'esculpteur, el vrai artiste
   Lui,y n' gagn' que des rumatisses
       Ah ! que malheur!
   Ces messieurs peintres' y sont très chics
   L' jour y port' des pal'tots mastics
   El' soir, ils arbor'nt el gibus
   Et vont dans 1' monde en omnibus.
        Ah ! que malheur !

   Tout' les femmes es'y cour' après
   Pour y faire tirer leu portrait
   Parce qu'ils y maquiU'nt Leurs appas
   Mais el'sculpteur, y n'en faut pas !
       Ah ! que malheur !

   L'esculpteur on l'enfouit sous 1' tertre
   A Montparnass' ou à Montmartre
   Emboîté dans 1' sapin blanchi
   C'est toujours assez bon pour lui !
        Ah ! que malheur !

Mais 1' peintre on 1' monte au Père Lachaise
Il s'en va, là, bien à son aise
Dans un bon chêne et plomb, et d'ssus
L'habit au cresson, ed l'Institut 1
         Ah ! que malheur !