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3é8                PROMENADES HISTORIQUES

 suggestions del'amour-propre; maisendéfendantlesintérêts
 même temporels dont il a la garde, son devoir s'étend aussi
 loin que ses droits, et ses résistances ne sauraient être taxées
 d'entêtement; la fermeté est souvent l'unique condition du
 triomphe sur l'injustice.
    Grâce à une lettre qui a été conservée dans le dossier
 que nous avons dépouillé, nous passons du champ des hypo-
thèses à la certitude des faits, et les impressions du curé
 d'Essertines nous arrivent par sa propre bouche. En appre-
 nant la manœuvre, qui évoquait le procès inachevé devant
 un autre siège, le prêtre ne résista pas à un mouvement
d'humeur dépitée, très naturel et tout autant excusable.
Etre convaincu qu'on en a fini avec les longueurs et les
débrouillages d'une procédure à entamer, et apprendre tout
à coup qu'il faut recommencer, et à nouveaux frais, se
retrouver en face des mêmes incertitudes et des mêmes
chances, plus ou moins problématiques, de l'ouverture de
l'instance n'est pas une médiocre épreuve pour la douceur
la mieux armée et la plus exercée. Toutefois, M. Peillon se
raidit vite contre cette contrariété, et les premières minutes
d'énervement et d'indignation disparues, il se mit aussitôt
en mesure de continuer la guerre où on la portait. Ce qu'il
écrivit, du reste, à son procureur montbrisonnais nous
instruit, sans rien dissimuler de ses sentiments, ni de ses
projets; il s'exprime ainsi :


                                 D'Essertines, 23 février 1782.

   « Maligeay vient, Monsieur, de me signifier un appel au
Présidial à Lyon de la sentence rendue à Montbrison
contre lui, le quatre du présent; demandant à être déchargé
de la preuve à laquelle il a été assujetti par icelle, il prétend