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LETTRES DE L ' É C O L E NORMALE 261 tout, il faudrait être agrégé. — Je me porte bien quoique un peu échauffé; j'achète des livres avec de l'argent que me donne mon oncle. Je prie mon père de vouloir bien aller porter au Proviseur le résultat du concours de l'Ecole, quoique probablement il le sache déjà . C'est une attention qui lui fera plaisir. Il pourra aussi le prier de dire à Colfavru combien je suis fâché qu'il n'ait pas réussi. J'embrasse de tout mon cœur mon bon frère. Cette formule est banale, mais elle dit bien ce que je veux dire, car vraiment c'est tout mon cœur qui se porte vers lui. — Je vais dire adieu à Gourgas, qui part pour le Midi, puis prendre un bain, puis faire une promenade modérée, je rentrerai de bonne heure, et je me lèverai demain frais comme un pinson, dans la meilleure disposition possible pour faire des phrases latines. — Vous voyez que l'ai bien soin de ce pauvre petit corps. Ah ! c'est qu'une impru- dence peut avoir des suites fâcheuses : l'agrégation est une rude affaire, et chaque précaution raisonnable ôte une mau- vaise chance à l'avenir. Adieu, chers Parents, aimez bien votre fils. 49 23 août 1841. MES TRÈS CHERS PARENTS, Je reviens de la première composition, et je vous écris un petit mot pour mon ami Butillon. Si demain et les jours suivants je suis aussi bien inspiré, je pourrai bien espérer