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LÀ COMPLAINTE 193 Colportée par les forains de carrefours en carrefours, de villages en villages, elle a été l'embryon même du journal à un sou qui fait quotidiennement pénétrer dans les hameaux les plus reculés le récit, — habilement dramatisé, — du crime du jour et les débats palpitants des Cours d'assises. Je n'ai nullement l'intention d'écrire ici la Genèse de la Complainte et de la suivre laborieusement à travers les âges, depuis l'histoire lamentable du Juif -Errant : Est-il rien sur la terre Qui soit plus surprenant Que la grande misère Du pauvre Juif-Errant ? Que son sort malheureux Paraît triste et fâcheux ! Jusqu'à la mort de Malborough, en passant par les infor- tunes amoureuses de Damon et Henriette, et les aventures tragiques de Geneviève de Brabant : Au fond d'un bois dedans une carrière, Geneviève demeura pauvrement, Etant sans pain, sans feu et sans lumière, Ni compagnie que de son cher enfant. Mais l'assistance é Qui la substante C'est le bon Dieu qui la garde en tout lieu. Je ne puis cependant résister au désir de reproduire, — à titre de modèle ou de curiosité, — quelques passages de la Complainte de saint Nicolas. Vestige d'une époque de naïve croyance, où,la foi aux miracles et l'amour du surnaturel se trouvaient infaillible- ment mêlés à tous les événements, cette complainte légen- N 0 3 . — Septembre 1897. JÎ