Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                     ANTOINE DU VERDIER                    163

     Sa détention fut courte. Étant revenu à Lyon, il eut sur
  la fin de cette année de graves démêlés avec la municipalité,
  et cela précisément quand les Lyonnais venaient d'enfermer
• le duc de Nemours à Pierre-Scize, et quand les idées mêmes
  de du Verdier gagnaient tous les jours du terrain. Cette
  fois encore, son caractère entier et obstiné fut la cause de
  ses mésaventures. Ainsi que tous les citoyens à l'aise, il
  avait été taxé à une capitation raisonnable pour subvenir
  aux nécessités financières de la ville. Mais du Verdier con-
  testa la légalité de cet impôt ou emprunt forcé; il refusa de
  payer sa quote-part, et même se répandit en propos inju-
  rieux sur le compte des échevins, qui décidèrent de le
  poursuivre en justice, et le firent condamner à réparation
 honorable.
    Un autre incident vint compliquer celui-ci. Jusqu'à ce
 qu'il eût payé la capitation à laquelle il avait été taxé, on
 avait mis garnison chez du Verdier. Il ne voulut pas la
 nourrir ni solder sa dépense, et les soldats enlevèrent tran-
 quillement son mobilier qu'ils portèrent dans un cabaret
 voisin pour le vendre de gré à gré, ou, selon une autre
 version, ils le donnèrent en gage à l'hôtelier qui les héber-
 geait et nourrissait. Le consulat trouva cependant le pro-
 cédé trop militaire : comme il voulait un peu plus de forme
 et de cérémonie, il ordonna que les meubles de la maison
 de Beauregard seraient mis régulièrement aux enchères
 publiques, et que le prix de l'adjucation servirait à payer la
 dépense des soldats. On ne nous apprend pas s'il fallut
 réellement en venir jusque-là. Quant à la sentence de répa-
 ration honorable, du 'Verdier n'eut garde de s'y soumettre,
 et trouva le moyen de faire évoquer la cause à Paris. Même
 après que la municipalité ligueuse eut été remplacée, et que
 le roi eût été reconnu à Lyon, le procès ne fut pas arrêté.