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144 HENRI HIGNARD préparation où il y a encore bien des vides, et j'espère arri- ver à la fin après avoir fait à peu près tout ce que je voulais faire. Je suis assez gai ; plus gai même et plus décidé que la plupart de mes camarades. Le petit malaise qui me revenait si souvent dans ces derniers temps me laisse libre ; en somme je suis aussi bien disposé, jusqu'ici, qu'il est possible. Comment ailes;-vous, vous, mes chers parents ? Où en sont les douleurs de ma mère? J'ai parlé aujourd'hui de vous avec ma cousine qui m'a fait l'honneur de venir me voir. Demain matin, j'irai assister.à la cérémonie de l'exhumation du corps de ma tante. On la fait passer de la fosse provisoire dans un petit tombeau que mon oncle a fait élever pour la famille. Leurs affaires sont toujours en suspens, et mon oncle est un peu fatigué depuis quelques jours. Mille amitiés de leur part. Ils ont pensé à la possibi- lité de venir nous voir à Lyon l'année prochaine lorsque leurs affaires seront terminées. Je dis nous, car involon- tairement je raisonne toujours dans la supposition que je ne ferai qu'un avec vous : c'est une faiblesse que vous devez me pardonner, mais qui m'effraie un peu, car elle me ménage peut-être du chagrin si Alençon ou Saint-Omer venaient nous déranger. Quelle joie si nous sommes ensemble! Mais si nous sommes séparés, acceptons le coup sans murmure. Il y a quelque temps,'j'écrivais à Lorenti et j'essayais de le consoler un peu. N'aurons-nous pas pour nous-mêmes la force que nous pouvons donner aux autres? On trouve Dieu partout, lui disais-je, et j'avais raison. Je saurai seul combien votre absence me sera pénible, s'il faut la subir; mais dans nos pensées et nos prières, nous nous rencontrerons encore, nous nous réunirons dans le sein de Dieu. Nous sentirons à distance ce vif amour que nous avons les uns pour les autres, et ce sera une consolation.