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                LbTTKES DE L ' É C O L E NORMALE            I45

Il faut bien espérer que cette absence, si elle nous est
imposée pour un temps, ne sera pas éternelle ; espérons
même qu'il n'y en aura pas du tout et que tant de vœux,
tant de désirs ne seront pas perdus. Je pense à mes dépenses
de cette fin d'année, et je vois avec effroi que cela peut
aller assez loin. Je ne toucherai d'argent qu'après le premier
mois de fonctions. Il faudra donc, mes chers parents, que
vous m'avanciez une certaine somme, que dorénavant je
considère comme un prêt, sauf à vous faire attendre quelque
temps le remboursement si mes appointements sont trop
modestes. Que mon père voie s'il ne vaudrait pas mieux me
faire faire ici l'habit et le pantalon noir avant d'aller en pro-
vince, afin qu'en arrivant à Lyon je puisse faire mes visites
tout de suite dans la tenue universitaire. Si vous êtes un
peu gênés d'argent comptant, je peux bien prendre à crédit,
tous mes camarades le font, et ce n'en sera ni plus ni moins
cher, je puis même le faire pour mes livres chez le libraire
de l'Ecole Normale; au surplus, j'en achèterai très peu. Je
devais chez mon oncle à peu près 100 francs et quelque
chose à mon botiier et au portier de l'Ecole, ensuite, les
générosités au garçon; l'usage est de 15 à 20 francs. Je
verrai plus tard, d'après les circonstances, si je dois rester
quelque temps-à Paris après le concours ou partir de suite
pour Lyon. Dans tous les cas, je ne resterai pas pour le
banquet des anciens élèves, quoique nous y soyons invités
en grande cérémonie et sans payer, mais il ne se fait que
le 30 septembre. J'espère bien ce jour-là être auprès de-
vous.
  Adieu, mes chers parents, aimez-moi bien et pensez
à moi. J'espère vous écrire encore d'ici au concours, et
pendant le feu. Vous, écrivez-moi souvent. Vos lettres sont
ma plus douce joie. J l embrasse bien tendrement, bien