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LETTRES DE L'ÉCOLE NORMALE 139 calcul, l'économie, les innombrables difficultés du commerce. Il y a une ambition démesurée et impatiente qui veut tou- jours réussir, et qui ne songe pas que c'est impossible. Persuadons-nous que si nous parvenons à vivre honnête- ment et à élever nos enfants au moins aussi bien que nous l'avons été, et mieux si nous le pouvons, nous aurons bien rempli notre tâche, je dis plus ; nous aurons été heureux et nous devrons à Dieu une grande reconnaissance ; car combien y a-t-il de gens, qui malgré toutes sortes de vertus, ne peuvent pas y parvenir. Adieu, mon cher ami, mon bon frère. Tâche de te bien porter, travaille courageusement à bien remplir ton rôle dans ce monde, applique-toi à ton état, afin de l'aimer et d'y mieux réussir; aime-moi bien, écris-moi souvent; fais un peu d'art et de littérature dans tes récréations, afin de te réjouir le cœur et de t'élever l'âme, tout en te délassant ; sois pieux, bon, simple, gai, plein d'espérance et d'une douce joie ; aime bien nos chers parents, et rends-les heureux selon ton pouvoir, c'est là tout ce que Dieu te demande, et en même temps tout ce qui peut te rendre heureux, nous rendre tous heureux avec toi. Je t'eivbrasse de tout mon cœur. Ton frère. Présente mes respects à Monsieur Déroziers. Aime-le beaucoup pour tout ce que nous lui devons l'un et l'autre. C'est une dette qui ne se paye que par l'amour.