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                                                3 août 1841.


          MES CHERS PARENTS,

   Il était bien temps que votre lettre arrivât ce matin ;
c'était juste le quinzième jour depuis votre dernière, et
j'étais un peu inquiet; mais maintenant je ne suis plus
attristé que de savoir que ma mère est indisposée. Qu'elle
prenne bien soin de sa chère santé, quand ce ne serait que
pour pouvoir venir à ma rencontre dans un mois et demi.
Maintenant qu'elle est quasi rentière, elle doit pouvoir se
reposer, et il faut qu'elle en profite. Du repos, peu de souci,
une grande confiance en Dieu pour tout l'avenir, un peu
de promenade et de gaîté, voilà mon ordonnance. Si j'étais
à Lyon, je la ferais tant rire, que j'en suis sûr, elle guérirait
vite. Je crois qu'en vieillissant je prendrai de la gaîté, et
qu'après avoir été loup-garou et mélancolique pendant ma
jeunesse, l'enjouement me viendra avec la raison. Plaise à
Dieu que je puisse bientôt le faire servir à vous amuser.
Après tout, j'espère que notre maison, si nous sommes
ensemble, ne sera point triste. La maladie viendra bien la
visiter quelquefois, c'est une hôtesse qui a ses droits
d'entrée partout, mais nous l'accueillerons avec patience,
et nous lui ferons bon visage : c'est le meilleur moyen de
la faire sortir bientôt. Que ma mère s'égaye donc de son
mieux, qu'elle pense à moi ; au milieu de la fatigue et des
inquiétudes de ce maudit concours, je prends bien soin'de
ne pas me laisser accabler. Quand je me sens trop inquiet,
je me tate, et je me demande si avec un corps assez bien