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                     ANTOINE DU VERD1ER                     123

 radouci, et, le 24 novembre, il fit une déclaration sur un
 ton plus convenable devant Pierre de Montconis.
    Voici les faits douloureux qui ressortent de toute la pro-
 cédure. Vers le 10 octobre, Louise Chausse, née du pre-
 mier mariage de Philippe Pourrat, tomba malade à Château-
 Gaillard, et le lendemain, Jeanne, fille ce du Verdier, âgée
 de onze à douze ans, fut prise de vomissements, avec une
 grosse tumeur à l'aine du côté droit: c'était la terrible peste
 bubonique. Du Verdier se retira par prudence, avec le reste
 de sa famille, dans un corps de logis séparé de la maison
 principale. Louise et Jeanne moururent, puis une autre fille
 du Verdier âgée de quatre ans. Le malheureux père eut
l'idée étrange de les enterrer dans le jardin de Château-
Gaillard, ayant d'ailleurs l'intention de faire lever plus tard
leurs corps, et de leur donner une sépulture honorable dans
un des monastères de la ville. Trois autres de ses enfants,
deux grandes filles prêtes à marier, et son fils Jean-Antoine,
âgé de neuf ans, succombèrent à leur tour et furent enterrés
dans le jardin, ainsi qu'un chirurgien et une servante,
pendant que l'infortuné père se réfugiait dans une maison
des Terreaux.
   Du Verdier n'était pas airr.é à Lyon, à cause de son
caractère hautain et difficile ; il venait de donner une preuve
 nouvelle de son humeur altière en insultant presque ses
 juges ; enfin rien n'était plus important, devant les menaces
incessantes de la contagion, que de faire respecter par tous
les ordonnances sur la police de la santé publique. Antoine
du Verdier fut donc durement frappé, malgré l'immense
pitié que méritait son malheur, moins cependant pour avoir
enseveli huit cadavres dans le jardin de sa maison, que pour
avoir rompu sa quarantaine. Par sentence du 24 novembre,
le tribunal de la Santé le condamna « en la somme de