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LETTRES DE L'ÉCOLE NORMALE 69 38 Jeudi, 29 avril 1841, MES CHERS PARENTS, Je voulais vous écrire hier et vous envoyer en même temps une lettre de remerciements pour iM. Déroziers, mais voici trois jours que je souffre des nerfs de la tête, j'ai mal à la fois aux dents, aux yeux et au cerveau, je suis très agité, je dors mal, et il en résulte un état de fatigue et de malaise qui m'empêche de travailler. Je ne veux pas, cependant, attendre davantage, bons et chers parents, à vous embrasser, et pour le faire, je n'ai pas besoin d'avoir l'esprit libre, il me suffit de vous aimer comme toujours, et de penser à vous, ce qui ne manque pas, je vous écrirai encore ces jours-ci. Teissier m'a apporté hier sa thèse de docteur; il partira lundi et je lui remettrai des lettres. J'espère bien pouvoir écrire à mon frère que je n'ai pas embrassé pour le premier jour de sa dix-huitième année, malgré ma bonne envie, et que je parais négliger .tant depuis quelques mois. Lisez-lui ce passage de ma lettre, je vous prie, j'ai vraiment les larmes aux yeux en pensant que depuis longtemps «il réclame une lettre un peu longue, et que je la recule sans cesse. Embrassez-le bien pour moi tous les deux, et dites-lui qu'à ce moment grave de la vie je pense bien à son avenir, que je prie bien le bon Dieu pour qu'il soit ce que je désire. J'écrirai aussi à M. Déroziers, à qui je suis si obligé, et si je ne pouvais pas faire cette lettre pour lundi, car ce maj