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70                     HENRI HIGNARD

de dents me fatigue beaucoup, et, en outre, je me vois
bloqué par mon article du Correspondant, je ne manquerai
certainement pas à le faire pour le jour où Monseigneur
partira, car il m'a offert de m'emporter des lettres, et je ne
veux pas négliger cette occasion de Te revoir. Je vais vous
raconter notre entrevue.
   Mardi, en recevant votre paquet, je demandai aussitôt la
permission des sortir pour lui rendre visite. Je ne pensais
plus que sans doute il n'avait pas voyagé en poste, et je
calculais que parti samedi il avait dû arriver lundi. Pas du
tout, j'arrivais une demi-heure seulement après lui, et tout
déconcerté à cette nouvelle, je voulais m'en retourner. Mais
son domestique m'offrit de m'introduire auprès de lui, et
un moment après j'entrai dans sa chambre. Je voyais pour
la première fois cette admirable figure, et elle me parut si
belle que j'en fut tout interdit, et que je balbutiai d'abord
sans bien savoir ce que je lui disais. La lettre de M. Déro-
ziers arrangea l'affaire. Son Eminence me demanda si
j'avais reçu sa lettre, car voici une autre histoire que vous
ne savez pas, et qui est, cependant, bien importante. Par-
donnez-moi de vous raconter tout cela d'une manière si
décousue. Le mardi 20, en revenant de ma classe, je trouvai
chez le portier une lettre à mon adresse et scellée du sceau
archiépiscopal, elle était tout entière de la main de Mgr de
Bonald, qui l'avait écrite le samedi 17. Je vais vous la
copier.

   « Vousdésirez, Monsieur, être présenté à M. l'Archevêque
de Lyon : la chose est bien facile. Vous voudriez avoir sa
protection, votre conduite et vos talents vous donnent des
droits à ce que vous croyez être une faveur. Mais ce car-
dinal n'est pas aussi puissant que vous le pensez, surtout