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tière des goûts littéraires des Ptolémées, disposa dans le Serapéum
ou temple de Sérapis la bibliothèque des rois de Bithynie, dont lui
avait fait présent son amant Marc-Antoine. Le Sébastéoh fut rasé par
l'empereur Aurélien, et le Serapéum démoli par l'empereur Théodose
vers la fm du IVe siècle ; les manuscrits furent dispersés et perdus
pour la plupart. Enfin, une dernière bibliothèque due à l'école des
philosophes catéchistes, dirigée par Pantamus d'Athènes, disparut
entièrement au milieu des flammes allumées par le fanatisme aveugla
de la secte chrétienne, dite des Ariens.
   Une dernière preuve à ajouter à celles énumérées ci-dessus , c'est
le témoignage d'une grande autorité, de l'historien Pau! Orose, dis-
ciple de saint Augustin et de saint Jérôme. A son passage à Alexan-
drie, en 4 1 4 , c'est-à-dire 234 ans avant le règne d'Omar et la con-
quête de l'Egypte par Amrou, Paul Orose voulut visiter ces précieuses
collections ; elles n'existaient plus, et il est forcé d'avouer que les
chrétiens furent les derniers et les plus implacables destructeurs de
ces trésors historiques, scientifiques et philosophiques, chefs-d'œu-
vre de l'esprit humain de tous les siècles et de tous les p a y s . . . .
                                                      Le baron RAVERAT.
     11 mars 1874.



                     CHRONIQUE LOCALE
   Autant les idées que le temps, tout nous paraît singulièrement dérangé
en France.
   Les élus de la nation, les sages et les capables poursuivent le cours de
leurs conversations jusque dans les gares de chemin de fer; les inepties
font fureur ; les bons livres ne se vendent pas ; on a la sécheresse tout
l'hiver, une chaleur lorride au printemps, la pluie en été; la fièvre ty-
phoïde ne frappe que les riches et les jeunes ; la grêle brise et ra-
vage les vignes, les blés et les carreaux de vitres ; les gredins font fortune ;
le coton est plus cher que la soie; l'abondance des récoltes ruine les
fabricants ; les paysans donnent le bélail pour rien et le prix de la viande
augmente.
   Le pays se dit voltairien et les pèlerinages recommencent. Hier on sup-
primait Dieu de l'enseignement et aujourd'hui on court aux processions'
Paris, berceau de la libre pensée, ouvre des expositions de beaux arts et
les artistes de la moderne Babylone ne trouvent rien de plus grandiose
que les sujets religieux.
   On est pu on se dit républicain et les départements communards nom-
ment des impérialistes députés.
   A Lyon où tout le monde va à pied, on est fou des courses de chevaux,
et il est facile, aux conversations, de voir que ceux qui parlent, tran-
 chent ou parient n'y entendent pas malice.
   Enfin, un ami de Jules Janin fait dans la Revue du Lyonnais une bio-
graphie de l'illustre feuilletoniste ; il s'appuie de documents authentiques
et déclare que son héros est né à Condrieu, jamais à Saint-Etienne ; il dit
en avoir vu les preuves. Le célèbre biographe daigne, de son écriture illi-
sible, remercier le directeur de la Revue du Lyonnais en ajoutant que le
portrait est parfait, que pas un trait n'est à retoucher, que la notice est
 de la dernière exactitude, que tous les faits avancés par son ami Mouton