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CHRONIQUE LOCALE. 485 tière des goûts littéraires des Ptolémées, disposa dans le Serapéum ou temple de Sérapis la bibliothèque des rois de Bithynie, dont lui avait fait présent son amant Marc-Antoine. Le Sébastéoh fut rasé par l'empereur Aurélien, et le Serapéum démoli par l'empereur Théodose vers la fm du IVe siècle ; les manuscrits furent dispersés et perdus pour la plupart. Enfin, une dernière bibliothèque due à l'école des philosophes catéchistes, dirigée par Pantamus d'Athènes, disparut entièrement au milieu des flammes allumées par le fanatisme aveugla de la secte chrétienne, dite des Ariens. Une dernière preuve à ajouter à celles énumérées ci-dessus , c'est le témoignage d'une grande autorité, de l'historien Pau! Orose, dis- ciple de saint Augustin et de saint Jérôme. A son passage à Alexan- drie, en 4 1 4 , c'est-à -dire 234 ans avant le règne d'Omar et la con- quête de l'Egypte par Amrou, Paul Orose voulut visiter ces précieuses collections ; elles n'existaient plus, et il est forcé d'avouer que les chrétiens furent les derniers et les plus implacables destructeurs de ces trésors historiques, scientifiques et philosophiques, chefs-d'œu- vre de l'esprit humain de tous les siècles et de tous les p a y s . . . . Le baron RAVERAT. 11 mars 1874. CHRONIQUE LOCALE Autant les idées que le temps, tout nous paraît singulièrement dérangé en France. Les élus de la nation, les sages et les capables poursuivent le cours de leurs conversations jusque dans les gares de chemin de fer; les inepties font fureur ; les bons livres ne se vendent pas ; on a la sécheresse tout l'hiver, une chaleur lorride au printemps, la pluie en été; la fièvre ty- phoïde ne frappe que les riches et les jeunes ; la grêle brise et ra- vage les vignes, les blés et les carreaux de vitres ; les gredins font fortune ; le coton est plus cher que la soie; l'abondance des récoltes ruine les fabricants ; les paysans donnent le bélail pour rien et le prix de la viande augmente. Le pays se dit voltairien et les pèlerinages recommencent. Hier on sup- primait Dieu de l'enseignement et aujourd'hui on court aux processions' Paris, berceau de la libre pensée, ouvre des expositions de beaux arts et les artistes de la moderne Babylone ne trouvent rien de plus grandiose que les sujets religieux. On est pu on se dit républicain et les départements communards nom- ment des impérialistes députés. A Lyon où tout le monde va à pied, on est fou des courses de chevaux, et il est facile, aux conversations, de voir que ceux qui parlent, tran- chent ou parient n'y entendent pas malice. Enfin, un ami de Jules Janin fait dans la Revue du Lyonnais une bio- graphie de l'illustre feuilletoniste ; il s'appuie de documents authentiques et déclare que son héros est né à Condrieu, jamais à Saint-Etienne ; il dit en avoir vu les preuves. Le célèbre biographe daigne, de son écriture illi- sible, remercier le directeur de la Revue du Lyonnais en ajoutant que le portrait est parfait, que pas un trait n'est à retoucher, que la notice est de la dernière exactitude, que tous les faits avancés par son ami Mouton