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480 NOTE SUR LES ORIGINES DE L'INDUSTRIE Ces rôles désignés sous le nom de nommées, mentionnent quar- tier par quartier, rue par rue, les maisons, cours, curtiis, jar- dins et vignes, les noms et les professions des propriétaires et des locataires (inquilins). On y voit l'énumération complète des feux, ou ménages. La désignation du nombre de personnes com- posant chaque feu ne s'y trouve pas; c'est une lacune regret- table. A cette époque, on ignorait les avantages réels de la statistique. Le Consulat, en faisant établir ces registres, n'avait pas d'autre but que l'assiette de l'impôt communal et la taxe de chaque ménage, suivant l'estime de son avoir ou de son vaillant. En matière de recensement, l'usage général était de multiplier le nombre de feux par le chiffre cinq, représentant la proportion moyenne des êtres d'une famille. Ce calcul acceptable pour le feu simple, ne doit pas s'appliquer au feu industriel ou de fabrique, parce que celui-ci comprenait outre le chef, sa femme, ses enfants et ses serviteurs, plusieurs compagnons et apprentis. Cette vie commune entrait dans les mœurs et les habitudes de ce temps. L'on n'a point tenu compte d'une différence aussi essentielle, lorsqu'on a évalué l'ancienne population des villes manufacturières. Seize maîtres tissutiers figurent sur les nommées de 1493 (1); leurs ateliers étaient répartis dans plusieurs quartiers de la ville : huit du côté du royaume ou de la Saône, huit du côté de l'empire ou du Rhône. La plus forte location de ces primitifs ateliers de tissage est évaluée à 23 livres tournois, la plus faible à six livres (2). Si pour chacun de ces feux industriels on compte, outre la moyenne de la famille (cinq personnes), cinq compa- gnons et apprentis, on obtient un total de cent soixante êtres vivant du travail de la soie, en l'année 1493, quarante-trois ans avant les privilèges donnés à Turquet par François I er et vingt- quatre ans après le transport de Lyon à Tours des ouvriers et (1) Arch. municip. ce. 4, 5, 6, 1, 8. (2) La livre tournois de celte époque représente environ vingt franes de la monnaie actuelle.