page suivante »
390 BEAUX-ARTS. Du reste, M. Chenavard connaît trop bien son sujet pour rien faire au hasard. La scène est-elle à Athènes; — à Olympie? péristyles, architraves, chapiteaux, tout appartient au sévère Dorique. Suivons-nous ANACRÉON à Samos ! Sapho nous attire-t-elle à Lesbos, non loin de la molle Ionle, voici sa voluptueuse volute, qui inspire et doimine toute l'ornementation. L'auteur n'a pas donné moins de soin à l'expression, à l'attitude, h la vérité des personnages qu'il met en scène. Voyez de quels flatteurs empressements le tyran de Samos * entoure son poète! La reine, avec'la pose la plus distin- guée, écoute attentivement le chantre des amours grecs ; et ses suivantes, en cet instant, sont plus occupées du célèbre étranger que de leur maîtresse. OVIDE, l'Anacréon de Rome, va partir pour l'exil; il reçoit les derniers adieux de sa femme, à qui il n'est point permis de l'accompagner. Vous ne comptez pas trouver le stoï- cisme d'un Camille ou d'un Aristide dans le poète des Métamorphoses : l'élégant épicurien est abîmé dans sa dou- leur; son regard se perd dans les cieux, d'où il ne peut rien espérer; il ne sait ni résister ni céder à son dernier ami, qui lui montre doucement le chemin de la Scythie ; l'esclave, chargé des bagages, franchit déjà le seuil; ce petit tableau semble empreint d'avance de l'esprit qui dic- tera les Tristes. Il n'y a pas dans tout le recueil une figure plus accentuée ni plus achevée que celle d'Ovide. J'aime moins celle de CORÎNNE, disputant à PWDARE le prix de la poésie aux jeux olympiques : le texte, —car M. Che- navard ne se lasse pas plus de fouiller les auteurs que de les illustrer de son crayon, — le texte nous rappelle que cette Muse de la Béotie était la plus belle femme de son temps; à vrai dire, on ne s'en douterait guère en voyant cette esquisse par trop modeste, presque humble; et pourquoi,